Etait-il trop tôt ? Etait-il trop vieux ? Difficile de tirer un bilan clair et définitif sur ce qui aura manqué dans la campagne de Bernie Sanders. L'homme de 78 ans s'est retiré ce 8 avril de la course à la nomination démocrate pour la présidentielle américaine.
Parmi les explications plausibles, son programme ne semble pas être en cause. En effet, dans une Amérique très souvent décrite comme extrêmement libérale, son agenda progressiste était presque toujours en tête dans les sondages portant sur les démocrates, bien devant les idées modérées de Joe Biden. «Nous avons remporté la bataille idéologique», a-t-il d'ailleurs rappelé à plusieurs reprises lors de sa prise de parole. Que ce soit les taxes sur les plus riches ou la sécurité sociale pour tous, les électeurs démocrates approuvaient ainsi ses idées.
L'autre grande victoire du socialiste autoproclamé provient de sa capacité à rassembler les jeunes générations. Dans une grande partie des Etats sondés, il était toujours en tête chez les moins de 45 ans. Seulement, les personnes plus âgées, qui soutiennent majoritairement Joe Biden, se sont déplacées plus massivement, et ont précipité les chances de Bernie Sanders.
Les idées et les jeunes. Dans une élection normale, cela aurait peut-être suffi, mais la présidentielle de 2020 n'est pas une élection comme les autres. Car la priorité des démocrates, selon les sondages, n'était pas la sécurité sociale, ni même un plus grand contrôle de Wall Street, mais bien le fait de battre Donald Trump. Et à ce jeu-là, les électeurs ont préféré Joe Biden, héritier autoproclamé de Barack Obama, qui connaît la Maison-Blanche, et qui possède une stature nationale déjà établie. C'est donc surtout la bataille de l'image que le leader progressiste aura perdu face à l'ancien vice-président.
Un héritage Sanders ?
Il est désormais presque acté que le sénateur du Vermont ne deviendra jamais président des Etats-Unis. Même s'il avait la possibilité de se présenter en 2024, il aurait alors 83 ans lors de sa prise de fonctions, soit 13 ans de plus que Donald Trump lors de son arrivée au pouvoir, alors qu'il était déjà le plus vieux président élu. Une nouvelle candidature semble d'autant plus improbable que la jeune garde des progressistes va continuer à prendre de plus en plus de place dans les prochaines années, Alexandria Ocasio-Cortez en tête. La jeune femme aura tout juste l'âge requis en 2024.
Qu'il gagne de lui-même ou pas, Bernie Sanders est d'ailleurs confiant que son mouvement se retrouvera au pouvoir dans le futur. «Nous avons gagné la bataille idéologique, mais aussi générationnelle. Il ne fait aucun doute que notre mouvement représente le futur des Etats-Unis», a ainsi déclaré l'ancien candidat. Pour lui, il était finalement peut-être trop tôt.