Voter, au péril de leur vie ? C'est la décision que doivent prendre les habitants du Wisconsin alors que les primaires républicaines et démocrates se tiennent dans cet Etat du nord des Etats-Unis ce 7 avril. Le gouverneur souhaitait maintenir les élections, mais uniquement par correspondance, voire carrément les repousser comme d'autres Etats l'ont décidé, mais la Cour suprême du Wisconsin a bloqué cette décision.
Les citoyens sont donc appelés à se rendre aux bureaux de vote depuis 12h heure française, alors que les Etats-Unis sont particulièrement touchés par la pandémie mondiale. Le Wisconsin est certes relativement épargné par le coronavirus jusque-là, avec 2.400 cas pour 83 morts selon le New York Times, mais les habitants sont prudents, ce qui pose d'ailleurs un certain problème pour l'organisation des scrutins. Environ 111 juridictions n'ont en effet pas le personnel suffisant pour ouvrir les bureaux, a décompté le Guardian.
Lines forming just 30 minutes after polls open in Milwaukee, people trying to space. Almost everyone has a mask pic.twitter.com/KVCJ7Ik0Xe
— Steadman™ (@AsteadWesley) April 7, 2020
Le gouverneur a donc été contraint de faire appel à la garde nationale pour aider. Les organisateurs sont obligés de faire face à toutes les situations dans la précipitation, puisque la décision de la Cour suprême est intervenue moins de 24 heures avant le vote. À Milwaukee par exemple, seuls 5 bureaux de vote devaient être ouverts. Il reste cependant possible de voter par correspondance jusqu'au 13 avril, date où seront certainement connus les résultats.
Au total, plus d'un tiers des 3,2 millions d'électeurs auraient d'ailleurs déjà choisi cette solution. Mais certains observateurs craignent que cette décision ne creuse les inégalités dans le vote. Tout le monde n'aura pas accès aux bureaux de la même manière, au vu le leur nombre restreint, ce qui pourrait par exemple rebuter des électeurs à se déplacer.
En pleine période électorale, cette décision aura été le fruit d'une bataille politique. Les démocrates, dont le gouverneur, ont fait la demande d'un report ou de la correspondance, quand les républicains, qui contrôlent le Sénat et l'Assemblée, ont fait barrage en bloc. Une guerre entre les deux camps qui symbolise à quel point ce «swing state» sera déterminant pour l'élection de novembre. En 2016, il avait été crucial dans la victoire de Donald Trump.
Sur le plan des sondages, il ne fait aucun doute que le président sortant gagnera tranquillement cette primaire républicaine. Côté démocrate, Joe Biden est le grand favori. Un sondage publié le 1er avril le plaçait en tête devant Bernie Sanders avec 62% des intentions de vote. Si le résultat venait à se confirmer, l'ancien vice-président se rapprocherait un peu plus de la nomination, alors qu'il domine largement jusqu'à présent.