Dans plusieurs articles publiés ce mercredi 1er avril, la presse japonaise se fait l'écho d'une multiplication de cas de coronavirus parmi des dizaines de travailleurs du sexe, ou de salariés de l'industrie du divertissement pour adultes, tous recensés à Shinjuku, l'un des 23 arrondissements de Tokyo.
Comme l'expliquent les sites des journaux Tokyo Reporter ou Yomiuri Shimbun, parmi les personnes infectées figurent plusieurs employées de «kyabakura», c'est-à-dire des «Hostess Club» où des femmes ont pour rôle de tenir compagnie à leurs clients masculins, ou encore des salariées de «fuzoku», qui sont, eux, des établissements davantage dédiés à la prostitution proprement dite.
Selon les autorités locales, le nombre de cas positifs au Sars-CoV-2 a augmenté de façon très rapide depuis la fin du mois de mars à Shinjuku.
Si elles ont découvert, au cours de leur enquête, que la promiscuité des employées vis-à-vis de leurs clients avait bien sûr joué un rôle primordial dans la propagation du virus, elles se sont également aperçues que nombre de rabatteurs de rue, chargés d'attirer les clients dans les bars et autres cabarets, occupaient également une place importante parmi les personnes infectées.
Une enquête entourée de zones d'ombre
Se heurtant bien souvent à une coopération limitée de la part des établissements - voire à une fin de non-recevoir - les autorités n'ont, en revanche, pas pu identifier d'autres facteurs qui, potentiellement, aurait pu surévaluer le risque d'infection. Cette opposition a d'ailleurs conduit les pouvoirs publics à spéculer sur le fait que d'autres infections n'ont probablement pas encore pu être détectées.
Dozens of persons in Shinjuku’s sex industry infected with coronavirus https://t.co/Mws2eVx4zw
— TokyoReporter (@tokyoreporter) April 1, 2020
Ce faisant, lors d'une conférence de presse qui s'est tenue lundi 30 mars, la gouverneur de Tokyo, Yuriko Koike, a exhorté les Japonais, et plus particulièrement les jeunes, à ne pas fréquenter les établissements sexuels ou, plus globalement, ceux dédiés au divertissement.
«Pour le moment, je veux que les jeunes s'abstiennent d'aller dans les salles de karaoké, discothèques ou autres clubs de musique. Ceux qui sont d'âge moyen ou plus âgés doivent également éviter de fréquenter les bars et les discothèques», a-t-elle déclaré.
Ce mercredi, Kenichi Yoshizumi, le maire de Shinjuku, a lui réitéré cet appel en expliquant que les infrastructures hospitalières étaient «sous pression» devant l'afflux des patients.
L'idée d'un confinement strict à ce stade écartée
«Il ne faut pas oublier que les personnes qui ne savent pas qu'elles sont infectées peuvent infecter un nombre indéterminé de personnes sans le savoir, ce qui pourrait conduire à l'effondrement du système médical», a-t-il averti.
Pour l'instant, le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, a, lui, refusé l'idée d'un confinement strict du pays qui aurait, a-t-il expliqué, des conséquences économiques catastrophiques.
Il a toutefois fait voter, à la mi-mars, une loi spéciale qui pourrait lui permettre de déclarer l'état d'urgence et d'imposer, avec les gouverneurs des différentes préfectures, un contrôle beaucoup plus strict sur les mouvements de la population si l'épidémie venait à s'aggraver soudainement.
Mercredi 1er avril, le Japon a enregistré 2.178 cas de nouveau coronavirus, avec 57 décès. Des chiffres qui ne comprennent pas ceux du navire de croisière Diamond Princess, placé en quarantaine en février à Yokohama près de Tokyo, et devenu un foyer important de la maladie.