Engagée dans une course contre la montre pour faire face au pic de l'épidémie, New York a salué lundi l'arrivée d'un navire-hôpital militaire de 1.000 lits, alors que la maladie se propage aux Etats-Unis, poussant Donald Trump à prolonger les recommandations de confinement jusqu'à fin avril.
Le USNS Comfort, d'une capacité de 1.000 lits et 12 blocs opératoires, parti de Virginie samedi, est arrivé vers 10H30 locales (14H30 GMT). Il doit permettre de décharger les hôpitaux new-yorkais de malades nécessitant des soins intensifs non liés au coronavirus.
«Le fait que la marine soit là, que l'armée soit là pour aider New York à un moment où notre ville est dans le besoin, c'est très important», a déclaré le maire de New York, Bill de Blasio, alors que le bateau entrait dans le port de Manhattan, sous le regard de plusieurs dizaines de personnes sur le quai et d'autres à leur fenêtre.
«Pour la population de la ville qui a traversé beaucoup de choses ces dernières semaines, ça remonte le moral. C'est très émouvant pour nous tous, nous avons besoin d'aide», a ajouté le maire sur la chaîne CNN.
Alors que la ville de New York, épicentre de l'épidémie aux Etats-Unis, compte désormais plus de 33.000 cas et 776 morts, selon les derniers chiffres de l'université Johns Hopkins, un hôpital d'urgence aménagé dans le centre de conférences du Javits Center devait aussi devenir opérationnel lundi, avec une capacité de 2.900 lits.
Quatre autres sites à travers la ville ont été identifiés pour décharger les hôpitaux, débordés ces derniers jours par l'afflux de malades.
«Le virus a un temps d'avance sur nous depuis le premier jour», a déclaré lundi le gouverneur Andrew Cuomo sur la chaîne MSNBC. «On est encore à deux, trois, quatre semaines (du pic de l'épidémie), selon le modèle de projection utilisé. Il faut se préparer pour le pic, avoir le matériel pour le pic. Car c'est là que le système va s'effondrer».
Bill de Blasio a souligné que la ville avait encore besoin d'urgence, rien que pour tenir la semaine, de quelque 400 respirateurs artificiels et de renforts de personnel médical.
«J'ai demandé au président, au gouvernement fédéral de nous fournir ces 400 (respirateurs) tout de suite pour qu'on puisse tenir jusqu'à dimanche», a t-il ajouté. "Un cas américain sur quatre est ici, on les a prévenus, ils ont eu le temps, maintenant il faut qu'ils les trouvent».
Arrêts de travail
Les Etats-Unis sont désormais le pays avec le plus de cas confirmés - plus de 143.000 lundi matin, selon Johns Hopkins - et plus de 2.500 morts.
Cette aggravation de la situation a poussé le président Donald Trump à revenir dimanche sur ses velléités d'alléger d'ici le 12 avril les mesures de restrictions pour ralentir la propagation du coronavirus.
Il a reconnu que la première puissance était encore loin du pic de la pandémie, alors qu'un de ses conseillers, le docteur Anthony Fauci, indiquait que le virus pourrait faire jusqu'à 200.000 morts aux Etats-Unis.
Le très respecté docteur Fauci a indiqué lundi n'avoir pas eu de mal à convaincre le président de prolonger les recommandations de confinement et distanciation sociale au-delà de la mi-avril, après lui avoir montré les données montrant l'évolution attendue de l'épidémie.
Le président américain a initialement minimisé l'épidémie et oscille depuis entre un ton très sombre sur l'évolution de la situation et une volonté de faire redémarrer l'économie rapidement, alors que le nombre de chômeurs dépasse déjà les trois millions et devrait s'aggraver dans les semaines à venir.
Même les entreprises jugées essentielles qui tournent à plein régime, comme le géant du commerce en ligne Amazon, hyper-sollicité par des Américains en majorité confinés chez eux, sont mises en difficulté par l'épidémie.
Ainsi, des employés de l'immense entrepôt d'Amazon situé à Staten Island - qui emploie habituellement quelque 2.000 personnes - ont prévu un arrêt de travail lundi pour protester contre le maintien de leurs activités alors que plusieurs employés ont testé positif pour le virus, a indiqué sur Twitter un des organisateurs de cette action, Christian Smalls.
Des employés de la société de livraison de produits frais Instacart prévoyaient également un arrêt de travail pour dénoncer le manque de sécurité de ses livreurs.