Un nouveau retournement de situation dans un blocage politique sans fin. Alors qu'un bras de fer institutionnel est en place depuis plusieurs semaines au Parlement israélien, Benny Gantz, récemment nommé par le président du pays pour former un gouvernement, a pris la tête de la Knesset ce 26 mars.
Cela intervient après la démission récente de Yuli Edelstein, qui avait jusqu'alors ce poste depuis 2013. Sa démission était une ultime tentative du Likoud (parti du Premier ministre sortant Benjamin Netanyahou) de ralentir cette élection, alors que la coalition majoritaire autour de Bleu Blanc (parti de Benny Gantz) la réclame depuis plusieurs jours.
Car l'objectif affiché du jeune mouvement politique était de prendre la tête de la Knesset pour relancer les commissions parlementaires, mises à l'arrêt par les partisans du Premier ministre en pleine crise du coronavirus. Une fois cela fait, ils voulaient faire voter une loi qui empêcherait un politicien mis en examen de pouvoir se présenter en tant que chef du gouvernement.
Une telle législation rayerait donc de la carte la candidature de Benjamin Netanyahou, qui attend son procès pour corruption dans les prochains mois, lorsque la crise du coronavirus sera passée. Sauf que cela semble aujourd'hui hors de question, étant donné que le leader Bleu Blanc a été élu avec le soutien du Likoud et que ses premiers mots dans sa nouvelle fonction concerne un «cabinet d'union et d'urgence». Tant pour lutter contre le Covid-19 que pour mettre fin au blocage politique.
Un accord invraisemblable une semaine auparavant
Des médias locaux et des journalistes sur place font en effet état d'un éventuel accord entre Benny Gantz et le Likoud pour la formation d'un gouvernement d'union nationale dans les prochains jours. Benjamin Netanyahou deviendrait ainsi le Premier ministre, avant une alternance au bout de 18 mois en faveur de son opposant. En attendant son tour, Benny Gantz quitterait le poste de président de la Knesset pour devenir chef de la diplomatie israélienne. Si cela venait à se confirmer, l'opposition, qui s'était construite autour de Bleu Blanc, pourrait bien imploser, car il est peu probable que tout le parti soit en accord avec le choix de son chef.
Digne d'une série télévisée, ce scénario impensable il y a encore quelques jours prend désormais forme, et ouvrirait la porte pour mettre fin à la crise politique qui touche Israël depuis un an environ. Car après trois élections législatives en 11 mois, aucun vainqueur n'a eu suffisamment d'avance pour prendre le poste de Premier ministre, ce qui avait créé un blocage inédit dans le pays. Nul doute qu'une bonne partie des Israéliens sera satisfaite d'en voir enfin le bout.