C'était une promesse d'Emmanuel Macron. «Les Françaises et les Français qui sont actuellement à l’étranger et qui souhaitent rentrer pourront bien entendu rejoindre leur pays», avait-il déclaré lors de son allocution du 16 mars sur la lutte contre la propagation du coronavirus. Une semaine plus tard, les témoignages de voyageurs désemparés continuent d'affluer.
Cuba, Maghreb, Philippines, Australie, Nouvelle-Zélande... Où que soient coincés ces Français, les interrogations sont nombreuses. Selon les estimations, ils sont environ 70.000 à être bloqués dans le monde, sur les 130.000 annoncés quelques jours plus tôt. Mais plus que le simple fait de ne pas pouvoir rentrer, c'est le manque d'informations qui est dénoncé.
«Nous devions rentrer le 15 avril, mais nous n'avons pas d'informations pour savoir si cela sera possible alors que le pays passe en confinement ce 26 mars. En plus il n'y a pas de vols directs, et avec les escales, on ne sait pas comment cela peut se passer», s'interroge par exemple Franck, un jeune Français qui parcourt la Nouvelle-Zélande depuis quelques mois. Avec deux amis, il a loué un logement sur AirBNB en attendant que la situation se décante. À noter que le pays voisin de l'Australie a mis en place une liste de logements potentiels pour les personnes qui n'ont pas le budget suffisant pour trouver un toit.
À plusieurs milliers de kilomètres de là, Guillaume, un Parisien en voyage à Cuba depuis le 12 mars et qui devait rentrer le 25 du même mois ne comprend pas comment est gérée la situation. «Notre vol retour passe du statut confirmé à annulé sans arrêt. Nous sommes allés à l’agence Air France locale. Deux heures d’attente pour s’entendre dire "on ne sait pas, il faut attendre". Côté ambassade de France, ils sont étanches au dialogue et ont peur de parler aux ressortissants», explique-t-il, affirmant avoir l'impression d'avoir été «lâché».
«Aucun avion depuis Cracovie. Que faites-vous pour les Français bloqués hors de Varsovie ?», questionnait sur Twitter une internaute bloquée en Pologne le 19 mars. «Aucune nouvelle à ce jour pour les Français bloqués aux Philippines, qui passe en quarantaine totale. Les Allemands sont déjà sur le retour...», s'interrogeait une autre.
Pour le cas des Philippines, après une forte mobilisation des concernés sur les réseaux sociaux, l'ambassade de France dans le pays a mis en place une série de boîtes mails pour recenser toutes les personnes qui souhaitaient être rapatriées en fonction des régions où elles se trouvent (Elles sont disponibles ici).
120.000 rapatriements promis rapidement
Cependant l'Etat fait face à une difficulté grandissante au fil des jours : les annulations à répétition des vols en direction de la France. Jean-Yves Le Drian avait demandé un «effort» aux compagnies aériennes, mais cela n'a semble-t-il pas suffi. Dans ce contexte, les ministères de l'Intérieur et des Affaires étrangères, ainsi que le secrétariat d'Etat aux Transports, ont publié le 18 mars un communiqué conjoint, assurant qu'un «mécanisme global et mondial pour permettre à nos ressortissants qui le souhaitent de rentrer chez eux en France par voie aérienne va être mis en place très rapidement, en lien avec Air France».
#COVID19 | Communiqué conjoint de @JY_LeDrian, ministre de l'Europe et des Affaires étrangères , @CCastaner, ministre de l’Intérieur et @Djebbari_JB, secrétaire d’État aux transports.
Version complète https://t.co/FG5GreS3Uz pic.twitter.com/3Hc8aAUmGK— France Diplomatie (@francediplo) March 18, 2020
Interrogé sur la question lors du journal de France 2 ce 19 mars, Jean-Baptiste Djebbari, secrétaire d'Etat aux Transport, a d'ailleurs assuré que le pays prévoyait de rapatrier 120.000 ressortissants d'ici au 27 mars. L'Union Européenne a également fait part de sa volonté de rapatrier les citoyens d'Etats membres. Mais cela ne semble pas faire baisser la colère de ceux qui sont encore bloqués sur place.