Les Bourses d'Asie subissaient encore de lourdes pertes vendredi, surtout Tokyo dans la foulée de la débâcle historique des Bourses mondiales la veille, face à la progression inexorable de la pandémie du coronavirus faisant redouter une récession mondiale.
La Bourse de Tokyo connaissait sa pire chute en séance depuis la catastrophe nucléaire de Fukushima en mars 2011.
Son indice vedette Nikkei a ainsi brièvement plongé de plus de 10% vers 01H30 GMT (-10,06% à 16.691,98 points), tandis que l'indice élargi Topix sombrait de 9,38% à la même heure.
Les deux indices perdaient respectivement 7,97% et 7,2% à la pause de mi-séance (02H30 GMT).
Le yen, valeur refuge traditionnelle dont l'appréciation fait mal aux entreprises japonaises exportatrices, tenait toutefois bon vendredi face au dollar, lequel valait 105,11 yens contre 103,65 yens la veille après la clôture de la Bourse de Tokyo.
Les Bourses chinoises chutaient aussi vendredi en matinée, mais moins que Tokyo.
A Hong Kong l'indice Hang Seng chutait de 5,06% à 23.709,51 points, tandis qu'en Chine continentale l'indice composite de la Bourse de Shanghai lâchait 2,67% à 2.845,55 points et celui de la place de Shenzhen 2,62% à 1.770,96 points.
«De l'huile sur le feu»
De Paris à Wall Street, de Londres à Sao Paulo, l'hécatombe sur les marchés financiers mondiaux a été effroyable jeudi, certaines Bourses ayant vécu leur pire séance depuis le krach de 1987.
Les investisseurs ont été totalement pris de court par la décision de Donald Trump de suspendre l'entrée des Européens de l'espace Shenghen aux Etats-Unis pendant 30 jours, par précaution face au Covid-19, qui a désormais atteint le stade de pandémie selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
L'annonce surprise du président américain a visiblement achevé les espoirs des marchés dans une réponse mondiale concertée face à la pandémie, tant sur le plan sanitaire qu'économique.
«La tourmente sur les marchés a franchi un nouveau palier ces dernières 24 heures» avec les annonces de M. Trump et des mesures de stimulus économique «en deçà des attentes», écrivait Rodrigo Catril, stratégiste de la National Australia Bank.
Les actions en ordre dispersé des Etats et des banques centrales mondiales face à la pandémie «ajoutent de l'huile sur le feu» en augmentant les incertitudes, au lieu d'apporter du soulagement, ajoutait M. Catril.
La Banque centrale européenne (BCE) a dévoilé jeudi un paquet de mesures pour limiter l'impact économique de la crise sanitaire dans la zone euro. Sans toutefois abaisser ses taux directeurs, à l'inverse de la Réserve fédérale américaine (Fed) ou de la Banque d'Angleterre notamment, ce qui a déçu les marchés.
L'euro, qui avait baissé jeudi face au billet vert après les annonces de la BCE, montait légèrement vendredi, évoluant à 1,1190 dollar vers 03H00 GMT contre 1,1176 dollar jeudi à 19H00 GMT.
Le pétrole baisse encore
Les nouvelles mesures de confinement dans le monde pour tenter d'enrayer la pandémie du Covid-19 «ont renforcé la probabilité d'un sévère ralentissement de la croissance mondiale», notait encore M. Catril.
Le bilan de la pandémie continue de croître, avec plus de 130.000 cas de contamination dans 116 pays et territoires et près de 5000 morts, selon un dernier bilan établi par l'AFP jeudi (17h00 GMT) à partir de sources officielles.
La Chine, d'où le coronavirus a émergé en décembre dernier, considère désormais que le pic de la pandémie est passé sur son territoire, qui a paralysé l'activité de régions entières du pays depuis fin janvier.
Mais le Covid-19 fait désormais rage ailleurs, notamment en Italie, en Iran ou encore en Corée du Sud, bouleversant la vie quotidienne de centaines de millions de personnes avec écoles et lieux publics fermés, déplacements limités, frontières closes, événements sportifs et culturels annulés ou reportés.
Les cours du pétrole poursuivaient leur recul vendredi en Asie, alors que la guerre des prix entre l'Arabie saoudite et la Russie aggravait l'impact de la pandémie de coronavirus sur le marché de l'or noir.
Peu avant 03H00 GMT le baril de brut américain WTI lâchait 1,37% à 31,07 dollars, pendant que le baril de Brent de la mer du Nord perdait 1,23% à 32,81 dollars.