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La BCE prête à sortir l'arsenal monétaire face au coronavirus

Christine Lagarde, présidente de la BCE, à Bruxelles le 17 février 2020 [John THYS / AFP/Archives] Christine Lagarde, présidente de la BCE, à Bruxelles le 17 février 2020. [John THYS / AFP/Archives]

Seule grande banque centrale à n'avoir pas encore réagi à l'épidémie de coronavirus, la Banque centrale européenne devrait sortir jeudi un nouvel arsenal monétaire face à cette menace aussi inédite que difficile à évaluer.

«Chacun espère que la banque centrale ramènera le calme», alors que la panique des marchés a atteint des niveaux rappelant la crise financière de 2008-2009, souligne Bruno Cavalier, économiste chez Oddo Seydler.

En perturbant la vie quotidienne et l'économie avant de se muer «en choc financier majeur», aux conséquences imprévisibles, cette épidémie constitue «le premier vrai test pour Christine Lagarde», aux manettes de la BCE depuis novembre, observe M. Cavalier.

D'autant que la Réserve fédérale américaine a baissé ses taux de 0,5 point dès le 3 mars, sans attendre sa réunion mi-mars ni une quelconque action coordonnée. Et qu'elle a été imitée mercredi par la Banque d'Angleterre.

Si les banquiers centraux avaient répondu de concert à la crise des «subprime», à l'été 2008, cette fois chacun a agi «dans son coin» et mis les autres «sous pression, voire en difficulté», estime Eric Dor, directeur de recherche à l'Institut d'économie scientifique et de gestion (IESEG).

Prêts aux PME

Ainsi, la Fed n'a guère apaisé les marchés et a de surcroît renchéri l'euro face au dollar. Cela complique la tâche de la BCE : un euro fort nuit à la compétitivité de la zone euro et réduit les pressions inflationnistes. Or l'institut est depuis 2013 en-dessous de son objectif, soit une inflation tendant vers 2%.

Personne ne doute donc que la BCE délivre jeudi son ordonnance anti-coronavirus, malgré des marges de manœuvre réduites puisque son principal taux, permettant aux banques de se refinancer, est déjà à zéro depuis 2016.

La BCE a promis des mesures
La BCE a promis des mesures «appropriées», et surtout «ciblées», face à l'épidémie [Daniel ROLAND / AFP/Archives]

Dans un communiqué laconique la semaine dernière, l'institution a promis des mesures «appropriées», et surtout «ciblées», face à l'épidémie.

Jeudi, elle pourrait donc innover avec un programme de prêts bancaires ciblant les PME en difficulté, pour aider les entreprises perturbées par l'épidémie à boucler leurs fins de mois, indique à l'AFP une source proche de la BCE.

Côté taux, l'institut pourrait descendre à -0,60%, contre -0,50% jusque-là, celui appliqué aux liquidités que les banques laissent à la banque centrale au lieu de les prêter aux ménages et aux entreprises.

Destinée à stimuler l'offre de crédits, cette politique de taux bas vaut déjà à la BCE de vives critiques, en particulier en Allemagne, où on l'accuse de spolier les épargnants.

Autre piste: augmenter le rythme des rachats de dette sur le marché, réactivés depuis novembre 2019 à raison de 20 milliards d'euros par mois, «aussi longtemps que nécessaire».

Aux Etats d'agir

Mais pour que la politique monétaire ne soit pas seule à la manœuvre, Mme Lagarde a interpellé mardi les chefs de gouvernement européens en faisant "référence à (la crise financière de) 2008" lors d'une conférence téléphonique, a indiqué à l'AFP une source européenne.

Elle souhaitait mettre les décideurs devant leurs responsabilités, quand bien même les effets du virus sur l'économie restent «très difficiles à prévoir», a ajouté Mme Lagarde, selon la même source.

La chancelière allemande, Angela Merkel - ici le 11 mars 2020 à Berlin - a promis de faire
La chancelière allemande, Angela Merkel - ici le 11 mars 2020 à Berlin - a promis de faire "ce qui est nécessaire", quitte à revenir sur son dogme du zéro déficit [Tobias SCHWARZ / AFP]

L'Allemagne, déjà critiquée par la BCE pour sa réticence à recourir à la dépense publique, a cette fois promis de faire «ce qui est nécessaire», a indiqué mercredi la chancelière, Angela Merkel, quitte à revenir sur son dogme du zéro déficit.

Pays européen le plus touché par l'épidémie du Covid-19, alors même qu'elle est déjà fragilisée par son énorme dette publique, l'Italie a débloqué mercredi une enveloppe d'aides de 25 milliards d'euros.

Enfin, l'UE a fait miroiter mardi un «fonds d'investissement en réponse» à l'épidémie allant jusqu'à 25 milliards d'euros. Le lendemain, elle précisait cependant qu'il s'agirait d'enveloppes déjà existantes.

Quant aux mesures attendues jeudi de la BCE, elles peuvent au moins «contribuer à stopper la déroute des marchés», souligne Florian Hense, économiste chez Berenberg. Un enjeu crucial pour maintenir un bon niveau de «liquidité» et éviter d'asphyxier un peu plus les entreprises.

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