Elles ont été entendues. Afin d'éviter que les compagnies aériennes soient contraintes de voler à vide pour conserver leurs créneaux horaires, la Commission européenne va proposer un assouplissement temporaire des règles et aider le secteur aérien affecté par les conséquences du coronavirus, a annoncé ce mardi 10 mars sa présidente Ursula von der Leyen.
«La Commission va présenter très rapidement une législation sur les créneaux aéroportuaires», a déclaré Ursula von der Leyen. «Nous voulons qu'il soit plus facile pour les compagnies aériennes de garder leurs créneaux aéroportuaires même si elles n'opèrent pas de vols dans ces créneaux en raison du déclin du trafic», a-t-elle expliqué.
En effet, selon les règles européennes, les compagnies aériennes doivent maintenir 80% de leurs vols pour conserver leurs créneaux horaires de décollage et d’atterrissage, ou slots. Sinon, elles perdent leurs droits la saison suivante et les créneaux reviennent alors à des compagnies concurrentes. De nombreuses compagnies aériennes avaient ainsi réclamé auprès de la Commission européenne un «moratoire» pour déroger à cette règle.
une mesure temporaire
La présidente de la Commission européenne a précisé qu'il s'agirait d'une «mesure temporaire», sans plus de précision sur la forme qu'elle prendrait. Cette mesure devra suivre la voie législative classique, en étant approuvée et adoptée par le Parlement européen et les Etats membres.
«Cela soulagera la pression sur l'industrie aérienne et en particulier sur les plus petites compagnies», a poursuivi Mme von der Leyen. «Mais cela fera aussi baisser les émissions (de gaz à effet de serre) en évitant les 'vols fantômes', quand les compagnies font voler des avions presque vides juste pour garder leurs créneaux», a-t-elle ajouté.
«Un tel scénario n'est pas acceptable»
Face à cette situation incompréhensible tant sur le plan environnemental qu'économique, le secrétaire britannique aux Transports, Grant Shapps, avait demandé à Airport Coordination Limited, société indépendante de coordination de créneaux horaires, d’assouplir cette règles des 80/20, voire de la suspendre, le temps de l’épidémie de coronavirus.
«Je suis particulièrement préoccupé par le fait que, pour satisfaire à la règle des 80/20, les compagnies aériennes peuvent être obligées de faire voler des avions à des taux de remplissage très bas, voire vides, afin de conserver leurs créneaux horaires, avait-il déclaré avant d'ajouter : «Un tel scénario n'est pas acceptable. Il n'est pas dans l'intérêt de l'industrie, des passagers ou de l'environnement, et il doit être évité.»
L’Association internationale du transport aérien (Iata) avait également demandé de son côté la suspension des règles d’utilisation des créneaux horaires par les compagnies aériennes face à la demande. Selon les comptes de l'organisation commerciale internationale de sociétés de transport aérien, le secteur pourrait perdre jusqu'à 113 milliards de dollars en raison de la crise liée au coronavirus.
Le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, avait également appuyé cette demande ce lundi à Bercy en déclarant : «Il est totalement absurde que cette réglementation s’applique dans les circonstances actuelles. Je souhaite que la Commission européenne puisse confirmer que les compagnies aériennes garderont leurs créneaux sans faire tourner leurs avions».
L’UE avait déjà eu recours à de telles dérogations lors de l’épidémie de Sras en 2003 et après le 11-Septembre.