À l'instar du virus de la grippe, l'expansion du coronavirus pourrait être freinée par le retour des beaux jours. Si ce scénario semble probable pour certains, de nombreux scientifiques émettent toutefois quelques doutes.
«J'ai longuement discuté avec le président [chinois] Xi [Jinping] il y a deux jours et il est très confiant [...] Il pense que d'ici avril ou au cours du mois d'avril, la chaleur généralement élimine ce genre de virus», avait déclaré Donald Trump ce lundi 24 février lors d'une conférence de presse.
le même parcours que le sras ?
Pour une majeure partie du monde scientifique, la thèse du président chinois est probable. Les températures basses et une atmosphère sèche favorisent en effet la survie des virus sur les mains ou les objets. De plus, en hiver, les individus ont davantage tendance à vivre dans des milieux confinés, favorisant la transmission des virus respiratoires tels que la grippe, dont la virulence décline considérablement à la fin de l'hiver.
Or, le virus de la grippe et celui du Covid-19 ne sont en rien comparables : si les symptômes de ces deux maladies (fièvre, toux, difficultés respiratoires...) sont similaires, il faut toutefois distinguer le virus de la grippe (qui appartient à la famille des myxovirus) des coronavirus comme le Sras ou le Mers.
«C'est vrai que l'épidémie [de Sras] s'était arrêtée en juin [2003] en Chine et que le dernier cas était en juillet [2003] à Taïwan», a souligné le Pr Arnaud Fontanet, spécialiste des maladies émergentes à l'Institut Pasteur, à l'AFP. «Certaines personnes avaient émis l'hypothèse : 'le virus est apparu en hiver et a disparu aux beaux jours, donc peut-être qu'il y a un caractère saisonnier' [...] Est-ce que la température avait à voir avec la fin de l'épidémie de Sras, personne ne peut répondre là-dessus», a-t-il toutefois précisé.
une maladie saisonnière ?
D'autant plus que la saisonnalité des virus ne signifie pas qu'ils disparaissent purement et simplement pendant le reste de l'année. «On sait qu'on les retrouve quand même toute l'année», a souligné le Pr Arnaud Fontanet, toujours interrogé par l'AFP.
Quant au Mers, il est l'exception qui semble confirmer que la chaleur ne détruit pas les virus. Ce coronavirus avait en effet principalement circulé dans des pays chauds, dont l'Arabie saoudite, en 2012.
Selon Isabelle Imbert, spécialiste des coronavirus à l'université d'Aix-Marseille jointe par l'AFP, «la stagnation de nouveaux cas du nouveau coronavirus va dans le sens du scénario du Sras» et la propagation du Covid-19 pourrait ainsi fortement baisser dans les prochaines semaines.
Trop tôt pour savoir
Et les cas de coronavirus sont beaucoup moins nombreux dans les pays de l'hémisphère sud, qui sont actuellement en plein été austral. Le continent africain par exemple, où vivent un million de Chinois qui effectuent régulièrement des aller-retours, n'enregistrait que trois cas avérés en Algérie, en Égypte et au Nigéria ce dimanche 1er mars.
«Malheureusement, nous avons peu de moyens à l'heure actuelle de prédire la dynamique virale», a ajouté Isabelle Imbert. Et selon Pierre-Marie Girard, directeur des Affaires internationales à l'Institut Pasteur interrogé au micro de RFI, «in vitro, le virus se multiplie très bien dans la chaleur». Il ne reste donc plus qu'à attendre le retour des beaux jours pour constater un déclin ou non du coronavirus.