«Menotté onze fois», «mis à nu deux fois»: la défense du fondateur de Wikileaks s'est plainte mardi du traitement infligé à Julian Assange, au deuxième jour de l'examen de la demande d'extradition formulée par les Etats-Unis, qui veulent le juger pour espionnage.
Dix ans après la diffusion par Wikileaks de plus de 700.000 documents classifiés sur les activités militaires et diplomatiques américains, la justice britannique a commencé lundi à examiner la demande de remise d'Assange aux autorités judiciaires américaines. L'Australien de 48 ans est poursuivi pour espionnage et piratage informatique. Il risque 175 ans de prison.
«Hier (lundi), M. Assange a été menotté onze fois, mis à nu deux fois» à la prison de Belmarsh où il est détenu et a été «placé dans cinq cellules différentes», a déclaré mardi à la reprise de l'audience son avocat Edward Fitzgerald. Dans son box, Assange a semblé impassible.
Un tel traitement pourrait «affecter cette procédure», a mis en garde l'avocat devant la cour de Woolwich (est de Londres) qui jouxte la prison, demandant à la juge Vanessa Baraitser de donner instruction aux autorités pénitentiaires d'assouplir les mesures autour d'Assange.
La magistrate a rétorqué que ses pouvoirs à cet égard sont «limités», et qu'elle ne peut pas ordonner aux autorités carcérales comment traiter les détenus, ajoutant qu'elle attend que Julian Assange soit traité de manière juste, comme n'importe qui d'autre.
Julian Assange «en danger»
L'avocat du gouvernement américain a apporté son soutien aux observations de la défense, soulignant qu'il ne voulait pas que le traitement d'Assange ne «compromette» la procédure.
Pour statuer sur la demande d'extradition, dont l'examen se tient cette semaine puis trois semaines à partir du 18 mai, la justice britannique doit s'assurer qu'elle respecte un certain nombre de critères légaux et notamment si elle n'est pas disproportionnée ou incompatible avec des droits de l'Homme.
Il s'agit là de l'un des principaux angles d'attaque de la défense de Julian Assange, dont le traitement a été sévèrement dénoncé par de nombreux médecins et observateurs internationaux, qui ont alerté l'opinion sur sa santé psychique.
Le rapporteur de l'ONU sur la torture Nils Melzer avait estimé début novembre que la vie du fondateur de Wikileaks était «en danger». Son état semble s'être amélioré.