Bernie Sanders réussira-t-il à transformer l'essai ? Les électeurs démocrates du Nevada, où se trouvent les célèbres casinos de Las Vegas au milieu du désert, sont appelés samedi à choisir leur candidat pour défier Donald Trump lors de la présidentielle de novembre.
Troisième scrutin des primaires démocrates, le vote du Nevada pourrait encore accroître la dynamique du sénateur socialiste ou bien renforcer l'un des candidats plus modérés pour enrayer son ascension, avant l'avalanche du «Super Tuesday» le 3 mars lorsque quatorze Etats voteront.
«Il s'agit de faire en sorte que tous les habitants de la nation la plus riche de l'Histoire puissent vivre dans la sécurité et la dignité. Ce n'est pas trop en demander», a tweeté M. Sanders quelques heures avant le début du scrutin.
La course est encore longue jusqu'à l'investiture du candidat qui portera les couleurs démocrates face au républicain Donald Trump lors de l'élection présidentielle du 3 novembre.
Mais l'élan pris dans le Nevada puis en Caroline du Sud (29 février) pourrait être déterminant.
Contrairement à l'Iowa et au New Hampshire, cet Etat désertique a une population cosmopolite, avec un tiers d'habitants hispaniques. Une différence qui pourrait affecter les candidats modérés Pete Buttigieg et Amy Klobuchar, qui arrivent avec le vent en poupe mais qui sont moins populaires chez les minorités.
«Nevada, c'est le jour J !» L'ancien vice-président Joe Biden, deuxième dans les sondages du Nevada et à l'échelle nationale espère bénéficier samedi de son plus grand soutien chez les minorités, après deux résultats humiliants.
La sénatrice progressiste Elizabeth Warren a repris pied dans la course grâce à une bonne performance lors d'un débat mercredi à Las Vegas.
Comme l'Iowa, le Nevada organise des «caucus» pour ses primaires, des assemblées d'électeurs qui exprimeront publiquement leur choix de candidat à partir de midi (20H00 GMT) sur quelque 2.000 sites.
Eviter le chaos
Après le chaos dans la publication des résultats en Iowa début février, les démocrates du Nevada cherchent à tout prix à éviter un même fiasco en simplifiant le mode de recensement des scores.
Plus de 75.000 électeurs ont déjà voté lors de scrutins anticipés dans cet Etat, selon le parti démocrate, dont une majorité participait pour la première fois à ces primaires ce qui pourrait présager une forte mobilisation.
Mais à qui profiterait-elle ?
Fort de ses deux excellents résultats dans l'Iowa et le New Hampshire, Bernie Sanders, très populaire chez les jeunes séduits par son programme résolument à gauche, martèle qu'une bonne mobilisation le favorise.
Les révélations embarrassantes publiées vendredi soir sur une ingérence de la Russie en sa faveur pourraient contrarier sa candidature.
«Mon message (au président russe Vladimir) Poutine est clair : restez à l'écart des élections américaines et lorsque je serai président, je m'en assurerai», a réagi le sénateur indépendant.
Bernie Sanders «ne veut pas d'ingérence... Trump en veut, Trump s'en félicite», a abondé Brenda Bolton, vétéran de 67 ans lors de son dernier meeting de campagne à Las Vegas vendredi.
M. Sanders a confirmé avoir été informé par les services de renseignement américains d'une ingérence russe dans le processus électoral de novembre mais n'a pas fait allusion au soutien spécifique à sa candidature rapporté par le Washington Post.
De son côté, Donald Trump est furieux après d'autres informations selon lesquelles les Russes cherchaient spécifiquement à l'aider à remporter la présidentielle. Une «mascarade» alimentée par les démocrates «radicaux» a-t-il accusé.
Dans un tweet au ton moqueur samedi, il a appelé les électeurs du Nevada à «faire attention à la Russie, la Russie, la Russie».
Comme un pied de nez à ses rivaux, le milliardaire républicain a tenu un meeting électoral à Las Vegas à la veille du scrutin.
Bloomberg absent
Le multi-milliardaire Michael Bloomberg a quant à lui fait l'impasse sur les premiers Etats pour entrer en lice lors du «Super Tuesday».
Malgré cela, la fortune de l'ancien maire de New York lui a permis de se hisser à la troisième place dans la moyenne des sondages nationaux, à coups de spots publicitaires financés avec déjà plus de 360 millions de dollars depuis novembre.
Ses rivaux l'accusent sans relâche de vouloir «acheter» l'élection.
Déjà plombé par des accusations polémiques, cet ex-républicain essuie aussi des critiques nourries depuis sa piètre performance lors de son premier débat mercredi.
«Si cela se passe comme ça pour un débat démocrate, il est assez probable que Trump n'en fera qu'une bouchée», a jugé Bernie Sanders sur la chaîne CBS.