Taux de mortalité, modes et niveau de contagion, période d'incubation: les chercheurs traquent l'épidémie provoquée par le nouveau coronavirus apparu en Chine, même si de nombreuses inconnues demeurent.
Quel taux de mortalité?
Plus mortel que la grippe saisonnière, mais moins virulent que les précédentes épidémies liées à un coronavirus : voilà où semble se situer la dangerosité du nouveau Covid-19, même si l'on ne connaît pas encore avec précision son taux de mortalité. Selon les derniers chiffres de l'OMS samedi, 2.348 décès ont été recensés sur 76.392 cas confirmés en Chine continentale (soit 3,07%).
Hors de ce pays, l'OMS comptabilisait 11 décès pour quelque 1.400 cas de contamination confirmés dans 28 pays et territoires. Le Centre chinois de contrôle et prévention des maladies a publié cette semaine une étude portant sur 72.314 cas confirmés, suspects, diagnostiqués cliniquement et asymptomatiques de la pneumonie virale, constatés en date du 11 février. Il s'agit de la plus importante menée depuis le début de l'épidémie et selon ses résultats la maladie est bénigne dans 80,9% des cas, «grave» dans 13,8% des cas et «critique» dans 4,7% des cas.
Le taux de létalité augmente avec l'âge et les plus de 80 ans sont les plus à risque, avec une mortalité de 14,8%. Les patients déjà atteints de maladies cardiovasculaires sont les plus menacés par une issue fatale, devant les diabétiques ou les personnes souffrant de maladies respiratoires chroniques ou d'hypertension. Les estimations globales de taux de mortalité doivent toutefois être prises avec prudence car on ignore combien de personnes sont réellement infectées.
Quel niveau de contagion?
Les spécialistes semblent s'accorder sur le fait que chaque malade infecterait entre 2 et 3 personnes (ce qu'on appelle le «taux de reproduction de base» de la maladie, ou R0).
C'est plus que la grippe (1,3), nettement moins que la rougeole (plus de 12), et comparable au Sras (3). Mais certains mettent en garde sur une sous-estimation possible du nombre de cas. Ainsi une étude vendredi de chercheurs de centre des maladies infectieuses de l'Imperial college de Londres «estime qu'environ les deux-tiers des cas de Covid-19 sortis de Chine sont restés indétectés au niveau mondial, avec pour résultat potentiel des chaines multiples non-détectées de transmission humaine hors de Chine».
Le patron de l'OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus a d'ailleurs exprimé vendredi sa «préoccupation» face au «nombre de cas sans lien épidémiologique clair, tels que les antécédents de voyage ou les contacts avec un cas confirmé». Une des préoccupations pourrait être les cas asymptomatiques, avec des patients infectés ne présentant aucun signe de la maladie.
La durée d'incubation, estimée selon les études entre deux et 10 jours, a conduit à fixer à 14 jours la période d'observation ou de quarantaine pour les cas suspects et les personnes rapatriées.
Quels modes de transmission ?
Le virus se transmet essentiellement par voie respiratoire et par contact physique. La transmission par voie respiratoire se fait dans les gouttelettes de salive expulsées par le malade, par exemple quand il tousse.
Les scientifiques estiment que cela nécessite une distance de contact rapprochée (environ un mètre).
Pour se prémunir d'une contamination, les autorités sanitaires insistent sur l'importance des mesures-barrières: se laver les mains fréquemment, tousser ou éternuer dans le creux de son coude ou dans un mouchoir jetable, porter un masque si on est malade... Par ailleurs, la diarrhée pourrait être une voie secondaire de transmission.
Symptômes et traitements ?
«Les plus courants comprennent les troubles respiratoires, de la fièvre, une toux, un essoufflement et des difficultés respiratoires», indique l'OMS. «Dans les cas les plus graves, l'infection peut entraîner une pneumonie, un syndrome respiratoire aigu sévère, une insuffisance rénale, voire la mort».
Il n'existe ni vaccin ni médicament contre le coronavirus, et la prise en charge consiste à traiter les symptômes. Certains patients se voient malgré tout administrer des antiviraux, dont l'efficacité est en cours d'évaluation.
Quelle origine ?
Le nouveau coronavirus est sans doute né chez la chauve-souris, mais les scientifiques pensent qu'il est passé par une autre espèce avant de se transmettre à l'homme. Des chercheurs chinois ont affirmé que cet animal intermédiaire pourrait être le pangolin, petit mammifère à écailles menacé d'extinction. La communauté scientifique internationale a jugé cette hypothèse plausible, mais elle devra être vérifiée.