L'année 2020 sera marquée par des élections-clés dans plusieurs pays du monde. Même si la présidentielle aux Etats-Unis domine l'actualité, d'autres scrutins seront particulièrement à suivre, notamment les troisièmes législatives en moins d'un an en Israël ou encore la présidentielle en Bolivie, six mois après la démission d'Evo Morales.
Etats-Unis : présidentielle le 3 novembre
C'est sans conteste l'élection la plus attendue de l'année. Déjà en temps normal, lorsque la première puissance mondiale élit son président pour les quatre prochaines années, le monde entier a les yeux rivés sur elle. Mais l'attention est démultipliée si l'on rajoute à cela le phénomène médiatique qu'est Donald Trump, en course pour sa réélection. Le milliardaire fera face à un candidat démocrate, dont on devrait connaître le nom lors de la convention nationale du parti, organisée du 13 au 16 juillet, à l'issue du processus des primaires.
Pour l'instant, Joe Biden, l'ancien vice-président de Barack Obama, paraît le mieux placé pour affronter Donald Trump, mais Bernie Sanders, Elizabeth Warren et Pete Buttigieg n'ont pas dit leur dernier mot. Le scrutin devrait être serré, et pourrait basculer en fonction de la réaction des électeurs à la procédure de destitution visant le président républicain, qui n'a quasiment aucune chance d'aboutir et doit se conclure par un procès au Sénat prévu en ce début d'année.
Israël : législatives le 2 mars
Un pays en plein blocage politique. Les Israéliens seront appelés aux urnes le 2 mars prochain, pour la troisième fois en moins d'un an. Les deux derniers scrutins législatifs, en avril et en septembre, n'ont en effet pas permis de dégager une majorité parlementaire pour former un gouvernement. Malgré son inculpation dans trois affaires distinctes - pour corruption, abus de confiance et fraude -, le Premier ministre sortant Benjamin Netanyahou sera candidat à sa réélection, lui qui dirige Israël depuis 2009, le plus long règne d'un dirigeant à la tête du pays.
Comme lors des deux derniers scrutins, son principal adversaire sera Benny Gantz, le chef du parti centriste Bleu-blanc, qui a, après Benjamin Netanyahou, échoué fin novembre à rallier à sa cause le nombre de députés nécessaires pour atteindre la majorité à la Knesset, le Parlement israélien. Mais rien ne dit que ces nouvelles élections donnent un vainqueur clair, ce qui pourrait prolonger encore un peu plus la crise institutionnelle.
Hong Kong : législatives en septembre
Un scrutin-clé pour le camp pro-démocratie. A Hong Kong, territoire semi-autonome chinois secoué depuis juin dernier par des manifestations monstres pour dénoncer notamment l'ingérence de Pékin dans les affaires de la région et demander des réformes démocratiques, auront lieu au mois de septembre des élections législatives. Alors que les nombreux mois de mobilisation, marqués par des affrontements ultra-violents entre les manifestants et les forces de l'ordre, n'ont quasiment pas fait reculer d'un pouce le pouvoir central chinois, le terrain politique semble pour l'opposition le seul moyen de faire bouger les choses.
Celle-ci veut continuer sur sa lancée, après son large succès aux élections locales de novembre dernier, au faible impact politique mais symbole du soutien massif de la population envers les manifestants. Mais difficile d'imaginer les pro-démocratie prendre le contrôle du Conseil législatif (le Parlement hongkongais), contrôlé par les pro-Pékin depuis 1997, seulement la moitié de ses membres étant élus au suffrage universel.
Bolivie : présidentielle le 3 mai
Pour la première fois depuis dix-huit ans, une élection présidentielle en Bolivie se déroulera sans Evo Morales. L'ancien chef d'Etat socialiste s'était présenté pour la première fois en 2002, et avait été battu, avant d'être victorieux en 2005 et d'être réélu en 2009, 2014 et 2019. Un dernier succès qui lui a été fatal. Le scrutin avait en effet été entaché par des soupçons de fraude, ce qui avait provoqué des manifestations massives et contraint Evo Morales à la démission début novembre. Le premier président indigène de la Bolivie a même été contraint à l'exil, au Mexique puis en Argentine. Sous le coup d'un mandat d'arrêt, il ne pourra pas se présenter à la présidentielle du 3 mai.
Ce qui n'empêche pas son parti, le MAS (Mouvement vers le socialisme), de rester favori dans les sondages, grâce au jeune dirigeant paysan Andronico Rodriguez. Même s'il n'a pas encore obtenu l'investiture, celui-ci caracole en tête des intentions de vote (23 %), devant l'ancien président centriste Carlos Mesa (21 %), plus grand rival d'Evo Morales lors de la dernière élection.
Iran : législatives le 21 février
Des élections dans un contexte explosif. Alors que des législatives sont programmées en Iran le 21 février prochain, l'ambiance dans le pays est loin d'être sereine. Le régime est en effet sous pression, après avoir avoué avoir abattu «par erreur» le 8 janvier un Boeing ukrainien avec 176 personnes à son bord, tuant tous ses passagers. Un rassemblement de soutien aux victimes à Téhéran le 11 janvier s'est transformé en manifestation anti-régime, dispersée par la police. Ce drame n'a fait qu'ajouter de la tension à une situation au Moyen-Orient qui n'en manquait déjà pas.
Le 3 janvier dernier, l'influent général iranien Qassem Soleimani a été tué par les Américains dans un raid en Irak. En représailles, l'Iran a lancé quelques jours plus tard 22 missiles sur des bases abritant des soldats américains en Irak. De quoi faire craindre une escalade, voire une guerre entre Washington et Téhéran. Mais depuis, les deux pays semblaient jouer l'apaisement. Cet épisode avait même paru bénéfique pour le régime iranien, en renforçant l'unité nationale autour du «martyr» Qassem Soleimani. Mais ça, c'était avant le crash du Boeing ukrainien, qui ravive pour Téhéran le spectre des manifestations de novembre dernier, qui avaient éclaté suite à l’annonce d’une augmentation du prix de l’essence.
Et ailleurs...
En dehors de ces cinq élections, sera également à scruter de près le référendum qui aura lieu au Chili le 26 avril prochain. L'organisation d'une telle consultation, visant à demander au peuple s'il souhaite remplacer la Constitution du pays, héritée de la dictature d'Augusto Pinochet (1973-1990), était l'une des revendications principales du mouvement de contestation à l'œuvre en fin d'année dernière.
Du côté de l'Europe, il faudra jeter un œil sur deux élections en particulier. D'une part la présidentielle en Pologne en mai, lors de laquelle le président Andrzej Duda, membre du parti ultraconservateur Droit et justice (PiS), sera en course pour sa réélection. D'autre part, les législatives en Slovaquie le 29 février, près d'un an après la démission du Premier ministre de l'époque Robert Fico, emporté par le tsunami politique provoqué par la mort d'un journaliste d'investigation slovaque qui avait enquêté sur la corruption de certains responsables politiques du pays, dont certains faisaient partie de l’entourage de Robert Fico.
Enfin, l'année 2020 verra peut-être également la naissance d'un nouveau pays. En mars, les habitants de Chuuk, un petit Etat fédéral insulaire appartenant à la Micronésie, dans l’Océan pacifique, vont voter sur leur indépendance, à l'occasion d'un référendum initialement prévu le 3 mars 2015.