Les Taïwanais votent samedi pour une élection présidentielle largement dominée par l'avenir des relations de cette île de plus de 23 millions d'habitants avec Pékin.
Quelque 19 millions d'électeurs sont appelés à se prononcer entre la présidente Tsai Ing-wen, qui brigue un second mandat, et son principal adversaire Han Kuo-yu.
Ces deux candidats ont deux visions divergentes de l'avenir de l'île et de ses relations avec Pékin, son plus grand partenaire commercial.
La Chine considère Taïwan comme une de ses provinces et a juré d'en reprendre un jour le contrôle, par la force si nécessaire.
Taïwan, qui a sa monnaie, son drapeau, son armée, sa diplomatie et son gouvernement est de facto séparée de la Chine depuis sept décennies. Le territoire n'est toutefois considéré comme un pays indépendant que par une poignée de capitales dont le nombre a fondu ces dernières années.
Au pouvoir depuis 2016, la présidente Tsai Ing-wen, candidate à sa réélection, se présente comme la garante des valeurs démocratiques face à l'autoritarisme de Pékin et du président Xi Jinping.
Tout comme sa formation politique, le Parti démocratique progressiste (PDP), qui milite traditionnellement pour l'indépendance, Mme Tsai rejette le principe de l'unité de l'île et du continent au sein d'une même Chine.
Cette position a provoqué l'ire de Pékin qui depuis son arrivée à la présidence de Taïwan n'a cessé de durcir le ton.
La Chine a ainsi rompu toutes les communications officielles avec son gouvernement tout en intensifiant les pressions économiques et les exercices militaires.
Son principal adversaire, Han Kuo-yu, privilégie au contraire le réchauffement des relations avec Pékin, mettant notamment en avant les bénéfices que pourrait en retirer l'île sur le plan économique.
Depuis dix jours, la publication de sondages est interdite à Taïwan. Mais jusque-là, Mme Tsai semblait bénéficier d'une confortable avance sur son adversaire.
Il y a un an cependant, peu de personnes auraient parié sur un tel scénario.
Discours belliqueux
A l'époque, Tsai Ing-wen est à la peine dans les sondages et le Kuomintang (KMT, opposition) réalise une percée aux élections locales.
Un nouveau venu sur la scène politique, Han Kuo-yu, -- aujourd'hui principal adversaire de Mme Tsai et membre du KMT-- remporte la mairie de Kaohsiung, historiquement un fief du DPP.
Il a ensuite été désigné candidat à la présidentielle de son parti. Mais l'élan autour de sa candidature a commencé à faiblir, ses détracteurs pointant notamment son manque d'expérience et ses relations trop chaleureuses avec Pékin.
La campagne électorale s'est aussi jouée sur fond d'autoritarisme du pouvoir communiste sur l'autre rive du détroit de Taïwan.
L'an dernier, le président chinois Xi Jinping a prononcé un discours particulièrement belliqueux au cours duquel il qualifié l'assimilation de Taïwan à la mère patrie d'"inévitable".
Une peur sur laquelle Mme Tsai a capitalisé.
Les électeurs ont également suivi avec inquiétude le refus de Pékin d'accéder aux demandes des manifestants pro-démocratie à Hong Kong et la politique répressive de la Chine à l'égard des musulmans ouïghours dans la province du Xinjiang, frontalière de plusieurs pays d'Asie centrale.
Un outsider conservateur est également en compétition: James Soong, 77 ans, issu des rangs du KMT et président d'un mouvement favorable à Pékin, le Parti du peuple d'abord.
Les bureaux de vote, qui ont ouvert à 08H00 (00H00 GMT), fermeront à 16H00. Les résultats sont attendus dans la soirée.