Un scénario sans fin ? Les méga-feux qui embrasent depuis septembre l'Australie ont atteint une telle intensité qu'ils sont désormais capables de générer leur propre météo. En effet, ils forment des pyrocumulonimbus, nuages cracheurs de feu comme les surnomme la NASA, qui provoquent de gigantesques orages sans pluie dont les éclairs, en touchant le sol, créent de nouveaux incendies.
De façon concrète, l'extrême chaleur et l'épais panache de fumée s'échappant des feux les plus intenses intéragissent avec l'humidité de l'air lorsqu'ils s'élèvent dans le ciel. En résulte la naissance de nuages qui, «dans des conditions appropriées peuvent passer dans la basse stratosphère», note le bureau météorologique australien. Puis d'ajouter : «Les chocs des particules de glace situées dans les parties supérieures très froides de ces nuages provoquent une accumulation de charge électrique, qui est libérée par des éclairs géants». C'est ce qui s'est passé en 2009, dans l'Etat de Victoria lorsque de nouveaux feux sont apparus... 100 kilomètres plus loin que l'incendie d'origine.
Mais ce n'est pas tout, puisqu'au au moins une autre conséquence de la présence de pyrocumulonimbus a été identifiée par les scientifiques. A savoir, la création de tornades de feu, suscitées par des courants ascendants et des rafales descendantes dont les vents violents sont tout à fait capable d'attiser les flammes des incendies.
Le phénomène rare, mais déjà connu, aurait tendance à se multiplier avec le réchauffement climatique. «Ce que nous savons sur les conditions de ces tempêtes pyrocumulonimbus est qu’il faut un temps chaud, sec et venteux. Si ces facteurs s’intensifient avec le changement climatique, il est raisonnable d’anticiper un risque supplémentaire de telles tempêtes de feu», explique le Dr Mike Fromm, spécialiste, au Guardian.
Pyro-cumulonimbus clouds have developed to altitudes over 16km in East #Gippsland this afternoon. These fire-induced storms can spread fires through lightning, lofting of embers and generation of severe wind outflows #VicWeather #VicFires pic.twitter.com/gZN6sC7meU
— Bureau of Meteorology, Victoria (@BOM_Vic) December 30, 2019
Selon les experts, les scénarios les plus dramatiques ne peuvent être complètement écartés. «Les orages de feu sont les manifestations les plus dangereuses et les plus imprévisibles d'un incendie de forêt et il est impossible d'y mettre fin ou de les contrôler», synthétise Rachel Badlan, chercheuse à l'Université de Nouvelle-Galles du Sud.