Victimes présumées, avocates, expertes... Une dizaine de femmes seront au coeur du procès du producteur de cinéma Harvey Weinstein, qui s'ouvre le 6 janvier à New York.
Voici ce que l'on sait d'elles.
Les accusatrices
Mimi Haleyi : c'est l'une des deux seules victimes présumées de Harvey Weinstein dont l'agression a donné lieu à des poursuites pénales. Cette ancienne assistante de production affirme que l'accusé lui a imposé un cunnilingus dans son appartement à New York en juillet 2006, bien qu'elle ait refusé plusieurs fois ses avances.
«C'était totalement non consensuel», a déclaré sur MSNBC Miriam Haleyi, de son nom complet, rappelant qu'elle avait ses règles au moment de l'incident. «Il n'y a pas moyen que j'aie voulu ce qui s'est passé».
- La seconde victime qui vaut à Harvey Weinstein un procès pénal est restée anonyme : elle accuse le New-Yorkais de l'avoir violée, en mars 2013, dans une chambre d'hôtel.
La défense a déjà produit une série de correspondances montrant, selon elle, que cette femme a eu une relation amoureuse suivie avec son agresseur présumé durant plusieurs années après les faits allégués.
- Annabella Sciorra : l'actrice vue dans la série «Les Soprano» affirme également avoir été violée par Harvey Weinstein en 1993, chez elle, après qu'il l'eut contrainte à le laisser entrer.
Si elle n'a révélé l'agression que fin octobre 2017, elle affirme que le producteur a tout fait pour l'empêcher de décrocher des rôles entre 1993 et 1995.
Les faits dont elle dit avoir été victime ne sont pas poursuivis dans ce procès. Mais son témoignage est capital pour l'accusation, qui espère prouver qu'Harvey Weinstein s'est rendu coupable de comportement de «prédateur sexuel» en agressant une série de femmes. S'il était condamné pour ce chef, il risquerait la perpétuité.
- Trois autres victimes présumées pourraient témoigner : le juge James Burke a autorisé le témoignage de trois femmes supplémentaires dont l'identité n'est pas connue.
Une dit avoir été violée par Harvey Weinstein à Beverly Hills en 2013. La nature exacte des deux autres incidents, intervenus en 2004 et 2005, n'est pas connue. Tout comme pour Annabella Sciorra, Harvey Weinstein n'est pas poursuivi pour les faits allégués par ces trois femmes. Elles ne seront là qu'en qualité de témoins.
Les juristes
- Joan Illuzzi-Orbon, la procureure : adjointe du procureur de Manhattan Cyrus Vance, elle mènera l'accusation lors du procès, forte de plus de trois décennies d'expérience.
Avant le début du procès, elle a obtenu le relèvement de la caution de l'accusé, qu'elle accusait de prendre des libertés avec sa surveillance électronique.
Elle dirigeait en 2011 l'équipe qui enquêtait sur Dominique Strauss-Kahn et l'incident du Sofitel. Elle avait recommandé l'abandon des poursuites, finalement acté, contre le directeur du Fonds monétaire international.
- Donna Rotunno, cheffe de file des avocats de la défense : cette avocate de Chicago est connue pour avoir défendu plusieurs hommes accusés d'agression sexuelle et pour sa pugnacité.
«Quand j'interroge quelqu'un à l'audience, je peux aller beaucoup plus loin qu'un homme avocat», a-t-elle déclaré à la revue Chicago Magazine en février 2018. «Ce peut-être un excellent avocat, mais s'il lâche le même venin que moi, il aura l'air d'une brute».
Les expertes
- Barbara Ziv, l'experte : spécialiste en psychiatrie citée par l'accusation, ce médecin a témoigné lors du procès de Bill Cosby. Elle y avait expliqué les raisons qui poussaient souvent les victimes d'agression sexuelle à attendre parfois des années pour parler de ce qu'elles ont subi.
- Deborah Davis et Elizabeth Loftus, expertes de la défense : ces deux spécialistes en psychologie ont travaillé sur les troubles de la mémoire chez les personnes qui se disent victimes d'agression sexuelle.
Dans le public
La célèbre avocate Gloria Allred, qui représente deux des accusatrices de M. Weinstein, sera dans le public pour les soutenir. Des militantes des mouvements #MeToo et Time's Up sont aussi attendues.
Si aucune des superstars qui ont accusé M. Weinstein de les avoir harcelées ou agressées, comme Ashley Judd, Gwyneth Paltrow ou Angelina Jolie, ne sont attendues à la barre, certaines -comme Rosanna Arquette- ont prévu d'assister à certaines audiences.