Le rappeur marocain Gnawi, arrêté fin octobre pour avoir diffusée un morceau dans lequel il dénonce la corruption dans son pays, devait comparaître ce lundi, alors que plusieurs associations de défense des Droits de l'Homme ont évoqué une «attaque flagrante contre la liberté d'expression».
Le morceau, baptisé «longue vie au peuple», est rapidement devenu viral, totalisant plus de 15 millions de vues. Gnawi, de son vrai nom Mohamed Mounir, y évoque avec deux autres artistes les tortures d'état ainsi que la corruption des dirigeants du pays, ou encore la propension de ces derniers, selon le rappeur, à faire usage de drogue.
«Dis moi, va-t-on vraiment rester silencieux à propos de cette humiliation», commence le morceau, dans lequel Gnawi affirme aussi, ironique, que la pauvreté aura été éliminée du pays en 2020, «parce que tout le monde sera parti».
Le rappeur avait été arrêté quelque jours seulement après la mise en ligne du morceau, même si les aurorités affirment que les deux choses ne sont pas liées, précisant que les deux autres interprêtes n'ont pas été inquiétés. Il n'a toutefois pas été précisé pourquoi le rappeur aurait alors été arrêté.
Et le porte-parole du gouvernement, Hassan Abyaba, n'a pas manqué d'exprimer une critique voilée, lorsqu'il a expliqué que «les morceaux de musique de toute nature doivent respecter les citoyens, la constance de la nation et les principes et valeurs qui font partie de l'éducation des Marocains».
«Même si Gnawi a utilisé un langage offensant envers la police, la droit de chacun à s'exprimer librement, même si cela peut s'avérer choquant, est protégé par la convention des Droits de l'Homme. Personne ne doit être menacé par des sanctions pour s'être exprimé librement», a commenté le directeur d'Amnesty International pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, Heba Morayef.