La décision était attendue depuis plusieurs semaines, elle est désormais officielle. Michael Bloomberg, ancien maire de New York, a décidé ce 24 novembre de rejoindre la course à l'investiture démocrate pour devenir le prochain président des Etats-Unis. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il ne va pas lésiner sur les moyens.
Selon des chiffres dévoilés par Advertising Analytics, le milliardaire fondateur de la société Bloomberg LP a déjà dépensé au moins 31 millions de dollars en publicité télévisée pour sa campagne. Le chiffre est loin d'être anodin, car ce budget utilisé en communication dépasse l'ensemble de l'argent récolté par Elizabeth Warren ou Bernie Sanders lors du dernier trimestre 2019. La différence entre Bloomberg et ses deux adversaires ? La somme provient de sa fortune personnelle, quand les deux autres n'acceptent que l'argent de petits donateurs.
Celui qui rentre dans la liste déjà pléthorique des candidats démocrates bat d'ailleurs un record qui datait de 2008, lorsque Barack Obama avait dépensé 24 millions de dollars en une semaine pour des diffusions télévisées. Devant ces dépenses, Bernie Sanders s'était déclaré «dégoûté par l'idée que Michael Bloomberg ou tout autre milliardaire pense pouvoir contourner le processus politique et dépenser des dizaines de millions de dollars pour acheter notre élection». Une déclaration peu surprenante de la part du sénateur qui fait campagne contre les inégalités criantes entre les ultra-riches et le reste du pays.
Une campagne vitesse grand V
Michael Bloomberg, 77 ans, ancien républicain et ex-ami de Donald Trump, ne dépense cependant pas cet argent au hasard. En entrant aussi tard dans la campagne, à moins de trois mois du premier caucus dans l'Iowa, il souffre naturellement d'un déficit médiatique en ce qui concerne son programme. Et pour cause, en mars 2019, il assurait encore qu'il ne souhaitait pas prendre part à l'élection. Mais face aux difficultés rencontrées par Joe Biden, qui ne parvient pas à s'échapper véritablement dans les sondages, l'homme d'affaires centriste a changé d'avis.
I’m running for president to defeat Donald Trump and rebuild America.
I believe my unique set of experiences in business, government, and philanthropy will enable me to win and lead.
Join our team: https://t.co/7ezlUeouqH pic.twitter.com/IyOeS3aWaF— Mike Bloomberg (@MikeBloomberg) November 24, 2019
Pour le moment, il affirme surtout vouloir vaincre Donald Trump et s'offrir comme «un faiseur, pas un parleur». Une ironie quand on connaît l'ancienne proximité des personnages, ainsi que leurs profils similaires. Les deux sont des hommes d'affaires hautement médiatiques, milliardaires et fortement attachés à la ville de New York. Michael Bloomberg, en revanche, ressemble beaucoup plus à la description d'une «élite» qui avait été rejetée lors de la dernière élection présidentielle. Diplômé d'Harvard et moins outrancier que son potentiel futur adversaire, il n'a pas hésité à changer de parti, voir à se présenter comme un indépendant au fil des années. Il est donc probable que ses adversaires démocrates lui reprochent ce bipolarisme politique, qui pourrait ressembler à de l'opportunisme.
Son premier objectif sera avant tout d'obtenir les quotas pour être qualifié au prochain débat démocrate à Los Angeles le 19 décembre prochain. Pour rappel, il faut obtenir 200 000 donateurs uniques et 6% dans au moins deux sondages concernant les primaires dans les Etats de l'Iowa, New Hampshire, Nevada, ou Caroline du Sud (qui seront les premiers Etats à voter pendant les primaires). À l'heure actuelle, selon le New York Times, seuls Joe Biden, Elizabeth Warren, Bernie Sanders, Pete Buttigieg, Kamala Harris et Amy Klobuchar possèdent leur ticket.