Mina Chang, sous-secrétaire adjointe au Département d’État américain depuis avril 2019 a démissionné lundi 18 novembre. Une enquête révèle que plusieurs expériences mentionnées dans son CV ont été inventées.
Membre d’un groupe d’experts à l’Organisation des Nations Unies (ONU), participante aux conventions Républicaine et Démocrate en 2016, ancienne élève de Harvard… Toutes ces expériences mentionnées dans le CV de Mina Chang seraient fausses, d’après une enquête menée par NBC News.
Six jours après ces révélations, Mina Chang a donné sa démission. Dans sa lettre adressée au Secrétaire d’État, Mike Pompeo, elle déclare : «il est essentiel que ma démission soit perçue comme une forme de protestation et non pas comme un abandon, car je n’abandonnerais jamais mon engagement pour servir, ma loyauté envers la vérité, ni mon amour pour ce pays.» Non soutenue par sa hiérarchie, Mina Chang se sent «injustement diffamée», et n'a pas obtenu le droit de répondre aux accusations des journalistes.
Les enquêteurs ont mis en lumière des mensonges sur son parcours académique : il semblerait que Mina Chang n’ait assisté qu’à un cours de six semaines à la Havard Business School, et à un séminaire de quelques jours au Army War College, une école qui dépend de l’armée américaine. Ces deux formations ne délivrent pas de diplôme, alors qu'elle affirme sur son CV être diplômée des deux institutions, d’après NBC.
engagement humanitaire bidonné ?
Mina Chang a dirigé une organisation à brut non lucratif, Linking the World, qui fournit une aide humanitaire «dans une douzaine de pays», en créant des écoles, et en travaillant sur des formes alternatives de soutien humanitaire grâce aux nouvelles technologies, notamment les drônes. Les investigations menées par NBC News n’ont pas permis de trouver de trace de ces activités à l’international.
Dans une vidéo publiée sur le site internet de son association, la sous-secrétaire adjointe au Département d'État décrit tout son travail pour la cause humanitaire, une couverture du Time magazine la mettant en avant à l'appui. La porte-parole du magazine a cependant confirmé à NBC News que cette couverture était falsifiée. Après la publication de l’enquête, la vidéo a été supprimée.
Mina Chang inflated her resume and peddled a fake Time cover. Trump appointed her to the State Department. https://t.co/EZX9rtPU94
— The Washington Post (@washingtonpost) November 13, 2019
Dans une note publiée sur internet, Ian Dailey, directeur de Linking the World, dément formellement les accusations de NBC News envers sa collègue. Il rappelle que les profils de tous les membres du Département d’État ont été minutieusement étudiés par des agents du FBI et enquêteurs internes du Département. Il serait donc peu probable que de telles erreurs aient pu passer entre les mailles du filet. La sous-secrétaire adjointe n’aurait jamais prétendu être diplômée d’Harvard, mais bien y avoir simplement suivi un cours. Elle ne serait pas à l’origine de la fausse couverture du Time magazine, qui serait en réalité l’œuvre d’un artiste.
Ni la Maison blanche, ni le Département d'État n'ont souhaité réagir. Cette enquête fragilise un peu plus l'administration de Donald Trump, déjà sous le coup d'une procédure de destitution.