La sorcellerie et la magie noire seraient de plus en plus à l'origine d'abus sur des enfants, selon des données officielles d'associations de protection de l'enfance, montrant que les cas de maltraitance liés à des croyances ou convictions religieuses sont en augmentation d'un tiers par an en Angleterre, atteignant le nombre de 2.000.
Le Lancashire, Bradford et Leeds ont enregistré le plus grand nombre de cas en 2018-2019, mais des travailleurs sociaux à travers tout le pays ont enregistré un nombre croissant d'incidents l'année précédente, dont 71 à Nottingham, 35 à Bristol et 34 à Southwark, rapporte le Guardian.
Selon l'Association des collectivités locales (une organisation britannique sans but lucratif), qui demande plus de ressources pour lutter contre le problème, on recenserait l'équivalent de 38 cas par semaine. Les cas fondés sur la foi ou la conviction incluent des abus sous couvert de sorcellerie, de possession d'esprits et de magie noire. Les données, publiées par le Département de l'éducation, ont été reçues par les militants comme preuve que les travailleurs sociaux parviennent de mieux en mieux à identifier les facteurs de violence souvent cachés et complexes sur le plan culturel.
Meurtres rituels, exorcisme, torture...
Autre point inquiétant : le fait que les chiffres augmentent si longtemps après le décès très médiatisé de Victoria Climbié, huit ans, en 2000. La petite fille avait été torturée et battue à mort par sa grand-tante, Marie-Thérèse Kouao, et un ami de cette dernière, Carl Manning. Ces deux chrétiens fervents pensaient que la petite était possédée. L'année suivante, en 2001, la police retrouva dans la Tamise le torse d'un enfant de cinq ou six ans, apparemment victime d'un meurtre rituel.
Un jeune Parisien de 15 ans, Kristy Bamu, est quant à lui mort à Londres, en 2010, victime d'un exorcisme d'une violence inouïe mené par le compagnon de sa grande sœur.
Les données ont également révélé que le nombre d'enfants identifiés par les services sociaux, dans le cadre d'une évaluation comme souffrant ou risquant de subir des mutilations génitales féminines, a atteint un niveau record, avec 1.000 cas de ce type en 2018-2019, en hausse de 6% par rapport à l'année précédente.
Les mutilations génitales féminines liées à la foi
«L’augmentation des cas de mutilations génitales féminines et de maltraitance infantile liés à la foi ou à des convictions est extrêmement préoccupante et détruit la vie d’enfants et de jeunes dans les communautés du pays», a déclaré Cllr Anita Lower, responsable de ces actes pour l’Association des collectivités locales. «Les travailleurs sociaux ont mieux identifié les signes de mutilations génitales féminines et d'abus liés aux convictions, mais le taux d'incidence réel sera probablement plus élevé car ces crimes sont sous-déclarés».
Mor Dioum, directeur de la Victoria Climbié Foundation, une organisation caritative qui milite pour l'amélioration des politiques de protection de l'enfance, a déclaré : «Il est encourageant de voir des praticiens identifier les pratiques néfastes pouvant entraîner des blessures graves ou la mort d'enfants. Cependant, nous devons examiner plus en profondeur les données du recensement, pour comprendre la prévalence de ces abus et nouer un dialogue effectif avec les communautés si nous voulons prévenir les abus envers les enfants liés à la foi ou aux convictions, y compris l’éradication éventuelle des mutilations génitales féminines.»
La police métropolitaine a souligné que seule une minorité de personnes qui croient en la sorcellerie ou à la possession d'esprits continuent à maltraiter des enfants. Lors d'un briefing, il a déclaré que la croyance en des esprits diaboliques qui peuvent «posséder» des enfants est souvent accompagnée de la conviction qu'un enfant possédé peut infecter les autres en partageant des aliments ou en se trouvant simplement en leur présence. La rébellion, les cauchemars ou le fait de tomber malade peuvent être considérés comme des symptômes de «possession», tandis que les enfants sont parfois considérés comme des boucs émissaires pour des difficultés financières, un divorce, une infidélité, une maladie ou un décès.