La Cour suprême indienne a autorisé samedi la construction d'un temple hindou à Ayodhya (nord) sur un site disputé où une mosquée avait été détruite en 1992 provoquant de sanglantes émeutes intercommunautaires.
Dans cet arrêt qui constitue une victoire pour le gouvernement nationaliste du Premier ministre Narendra Modi, la plus haute juridiction indienne a ordonné que le site soit confié à un trust qui y construira, sous certaines conditions, un temple hindou, tandis qu'un autre terrain sera remis à des groupes musulmans pour y bâtir une nouvelle mosquée.
Avant l'annonce de la décision de la Cour suprême, les autorités avaient renforcé la sécurité dans tout le pays et le Premier ministre avait appelé la population au calme et placé la police en état d'alerte. Des milliers de personnels de sécurité avaient été déployés dans et autour d'Ayodhya et les écoles avaient été fermées. Des barrages de police avaient également été érigés aux abords de la Cour suprême à New Delhi.
Une mosquée du XVIe siècle avait été détruite en 1992 par des nationalistes hindous
L'arrêt de la Cour suprême devrait, selon les autorités, mettre un terme à des années de polémique et de violences autour de la mosquée du XVIe siècle détruite en 1992 par des nationalistes hindous. Ceux-ci, parmi lesquels les partisans du Bharatiya Janata Party (BJP) du Premier ministre Narendra Modi, croient que Ram, leur dieu guerrier, est né à Ayodhya et que Babur, le premier souverain musulman de l'empire moghol, y avait fait construire la mosquée Babi sur le site d'un temple hindou.
Dans le cadre d'un mouvement lancé dans les années 80, quelque 200.000 nationalistes hindous s'étaient lancés en 1992 à l'assaut de la mosquée pour la détruire. L'assaut avait déclenché les pires violences en Inde depuis l'indépendance en 1947: quelque 2.000 personnes, essentiellement des musulmans avaient été tuées.
Dix ans plus tard, l'incendie d'un train en provenance d'Ayodhya avait tué 59 militants hindous, provoquant de nouvelles émeutes qui avaient fait un millier de tués. En 2010, un jugement avait accordé un partage du site de 1,1 hectare entre les deux communautés, largement en faveur des Hindous, qui n'avait pas permis de mettre un terme au conflit. Ces derniers jours, le Premier ministre Narendra Modi avait appelé la communauté hindoue à ne pas célébrer de manière véhémente un éventuel verdict favorable, tandis que des représentants de la communauté musulmane avaient également appelé les fidèles au calme. "Quel que soit le verdict de la Cour suprême, il n'y aura ni gagnant ni perdant", avait tweeté Modi vendredi soir. "J'appelle le peuple d'Inde à garder pour priorité que ce verdict renforce les valeurs de paix, d’égalité et bonne volonté de notre pays", a-t-il ajouté.