A l'orée d'une semaine qu'il aurait aimé être celle du Brexit mais qui sera celle du troisième report, le Premier ministre britannique Boris Johnson tente de nouveau lundi de déclencher des élections anticipées, mais ses chances semblent minces.
Les Européens se sont accordés sur le principe d'un nouveau délai pour éviter un «no deal» aux conséquences redoutées, et leur réponse sur la durée du report est attendue en début de semaine.
Les ambassadeurs de 27 se réunissent lundi dans la matinée. Selon des sources européennes, la proposition sur la table prévoit de repousser le Brexit de trois mois, au 31 janvier 2020, mais avec la possibilité que le Royaume-Uni quitte l'UE au 30 novembre et au 31 décembre en cas de ratification de l'accord de sortie avant ces échéances.
Depuis son retour de Bruxelles, accord en poche il y a une dizaine de jours, Boris Johnson a réussi à obtenir des avancées inédites. Il a aussi été contraint de solliciter un report, lui qui a affirmé qu'il préfèrerait «être mort dans un fossé» que de formuler une telle demande.
Si les députés britanniques ont approuvé sur le principe l'accord de Brexit de Boris Johnson, ils ont en revanche rejeté le calendrier à marche forcée qu'il voulait leur imposer, réduisant ainsi à néant ses espoirs de réaliser sa promesse d'un Brexit au 31 octobre.
Pour obtenir des élections législatives, qui se tiendraient les 12 décembre, Boris Johnson aura besoin lundi après-midi de deux tiers des voix à la Chambre des communes, soit 434 votes.
Le Premier ministre conservateur, qui n'a plus de majorité, a déjà échoué à deux reprises au mois de septembre.
Des élections victorieuses lui permettraient d'obtenir une marge de manoeuvre. Ses rangs se sont dégarnis d'une vingtaine de députés - exclus du parti après avoir voté contre lui - et son allié-clé à Westminster, le petit parti unioniste nord-irlandais DUP (10 députés), favorable à une sortie de l'UE, refuse l'accord négocié par Boris Johnson.
Plan différent
Le Labour, principal parti d'opposition, a répété qu'il ne voterait pour des élections générales qu'une fois que le risque d'une sortie sans accord serait écarté.
«Nous avons besoin de savoir quelle sorte de report l'UE accordera», a déclaré dimanche à la BBC Diane Abbott, chargée des questions intérieures au sein du parti travailliste.
Deux autres formations d'opposition, europhiles, se sont dits prêtes à accepter des élections, mais avec un plan différent.
Si le Brexit est repoussé jusqu'à fin janvier, le parti national écossais (SNP) et les Libéraux-démocrates, qui rassemblent 54 députés, veulent introduire mardi un amendement pour déclencher des élections le 9 décembre. Ils n'auraient besoin pour cela que d'une majorité simple.
Le nationaliste écossais Ian Blackford et la dirigeante du Parti libéral-démocrate Jo Swinson ont exposé ce week-end leur proposition dans une lettre au président du Conseil européen Donald Tusk.
Le calendrier prévu par les deux partis empêcherait Boris Johnson de faire adopter, avant la dissolution du Parlement, la loi sur son accord de Brexit. Un scénario politiquement défavorable au Premier ministre, dont le parti bénéficie d'une large avance dans les sondages.
Si les Britanniques «veulent faire des élections, il faut qu'on leur donne le temps de le faire», a déclaré dimanche la secrétaire d'Etat française aux Affaires européennes, Amélie de Montchalin.
De son côté, Boris Johnson a accusé ce week-end les députés de retenir le pays «en otage», en refusant de soutenir la tenue d'élections ou son accord de Brexit.