Il est l'anti-Justin Trudeau. Andrew Scheer, chef du Parti conservateur canadien, apparaît comme le principal rival du Premier ministre sortant dans la course aux élections fédérales de ce lundi.
Elu député en 2004 dans la province de la Saskatchewan pour cinq mandats consécutifs, puis président de la Chambre des communes en 2011, et chef du Parti conservateur depuis 2017, ce géant de 1,93 mètre aux larges fossettes peut se targuer d'un parcours politique sans faute. Mais également d'une image de Canadien ordinaire: un natif d'Ottawa issu de la classe moyenne, père de famille de cinq enfants, qui conduit un mini-van, aime la bière et regarde le football américain, selon ses dires.
A 40 ans, Andrew Scheer tranche aussi bien par son programme que sa personnalité avec Justin Trudeau. Parfois surnommé «Harper's boy» ou «Harper avec un sourire», en référence à l'ex-Premier ministre canadien Stephen Harper, dont il est très proche, le candidat promet un retour à l'équilibre budgétaire en cinq ans et des baisses d'impôts drastiques, avec un objectif en ligne de mire: «remettre de l'argent dans la poche des Canadiens». Sur le front international, ce pro-Brexit s'est engagé à durcir le ton face à la Chine et à la Russie, mais également à déménager l'ambassade d'Israël à Jérusalem, s'alignant ainsi sur la décision de Donald Trump début 2018.
Demain, des millions de Canadiens iront voter pour un gouvernement conservateur majoritaire.
Trudeau est prêt à payer n’importe quel prix pour garder le pouvoir – avec votre argent.
Vous ne pouvez pas vous payer une coalition Trudeau-NPD.
Plus. Pour vous. Dès maintenant! pic.twitter.com/A3UYuGSX7Q— Andrew Scheer (@AndrewScheer) October 21, 2019
L'écologie, son talon d'Achille
Idéologiquement très conservateur sur les questions familiales et morales, ce catholique pratiquant se dit «personnellement» contre l'avortement, le mariage gay et la légalisation du cannabis – mais promet de ne toucher à aucun de ces domaines s'il est élu. Il n'a pas échappé à son lot de polémiques au cours de sa campagne, comme sa révélation tardive de sa double nationalité canadienne et américaine (à laquelle il a promis de renoncer, ou les soupçons d'avoir commandité une campagne de dénigrement de son rival Maxime Bernier. A noter également que jusqu'en 2017, il a accordé plusieurs entrevues à la plateforme d'extrême droite The Rebel, dirigée par Ezra Levant.
Mais, davantage que son conservatisme sociétal, c'est l'environnement qui le véritable talon d'Achille d'Andrew Scheer. Opposé à l'accord de Paris sur le climat et fervent défenseur de l'industrie pétrolière du Canada (quatrième producteur mondial), il prévoit d'abolir la taxe sur le carbone, instaurée par Trudeau pour lutter contre le dérèglement climatique, et rêve d'un «corridor« énergétique s'étirant d'un bout à l'autre du pays. «Il a un plan vert, mais qui est assez mince», relève le politologue Daniel Béland de l'université McGill à Montréal. Plus radical, un éditorialiste du quotidien Globe and Mail résume: son projet pour l'écologie est «une triste plaisanterie».
Le choix est clair. Pour un plan concret qui rendra la vie plus abordable pour les Canadiens, on doit #ChoisirDAvancer. Votez libéral. pic.twitter.com/FKlHzN9yV5
— Justin Trudeau (@JustinTrudeau) October 20, 2019