Une histoire qui rappelle l'affaire Kerviel. Un trader basé à Singapour a fait perdre 320 millions de dollars (290 millions d'euros) à son entreprise japonaise, à cause de paris trop risqués faits en cachette sur le marché du pétrole.
C'est la firme elle-même, Mitsubishi Corp, la plus grande maison de commerce japonaise - qui investit sur à peu près tout et négocie de nombreuses matières premières à travers le monde -, qui a annoncé la nouvelle dans un communiqué, publié vendredi 20 septembre. C'est la première perte de ce genre dans l'histoire de l'entreprise, a déclaré un porte-parole de Mitsubishi Corp à l'agence Reuters.
Le «trader fou», de nationalité chinoise selon les informations de Bloomberg, travaillait pour l'une des filiales de la société, Petro-Diamond Singapore (PDS), basée à Singapour et spécialiste des transactions sur les produits pétroliers. Cette dernière a commencé à mettre sous surveillance son employé en juillet, après que la chute du prix du pétrole brut a provoqué de lourdes pertes pour l'entreprise.
Ce n'est qu'à la mi-août, alors que le trader était en congé d'été, que la filiale a découvert son stratagème. Il menait en fait depuis janvier des transactions non autorisées sur des contrats dérivés (un instrument financier dont la valeur varie en fonction de l'évolution du prix d'un autre actif), a expliqué Mitsubishi Corp. L'employé, dont l'identité n'a pas été révélée, a été licencié pour faute le 18 septembre dernier, et a été signalé à la police le lendemain.
Des institutions financières vulnérables
Cette affaire met en tout cas en lumière l'extrême vulnérabilité des institutions financières mondiales, qui peuvent perdre des millions de dollars à cause d'un seul employé prenant des risques inconsidérés sur les marchés, sans que sa hiérarchie s'en aperçoive.
Dans le cas de Mitsubishi Corp, les pertes essuyées ne sont qu'une goutte d'eau, l'entreprise tablant sur un profit d'environ 5 milliards de dollars (4,6 milliards d'euros) sur le prochain exercice fiscal, allant d'avril 2019 à mars 2020. Mais ce n'est pas toujours le cas. En 1995, un trader britannique opérant lui aussi à Singapour, Nick Leeson, avait fait perdre environ 860 millions de livres sterling (975 millions d'euros) à la banque Barings, ce qui avait provoqué sa faillite.
En 2008, c'était 4,9 milliards d'euros qu'avait fait perdre le trader français Jérôme Kerviel à la Société générale. Une affaire très médiatisée qui reste aujourd'hui l'un des plus gros scandales de la finance internationale, et qui a provoqué un interminable feuilleton judiciaire entre la banque et son ex-employé.