Elections rapides ou gouvernement technique ? Décidé brutalement et en plein été par Matteo Salvini, chef de la Ligue et homme fort du gouvernement, l'éclatement de la coalition populiste au pouvoir depuis 14 mois plonge l'Italie dans l'incertitude.
Des élections sans doute, mais quand et avec quel gouvernement ? Un exécutif technique pour mener le pays au scrutin ? Ou avec le gouvernement actuel expédiant les affaires courantes dans l'attente du vote ?
L'annonce du chef de l'extrême droite a été brutale et a pris de court son désormais ex-allié, Luigi Di Maio, chef du Mouvement 5 Etoiles (M5S, antisystème).
«Allons tout de suite au Parlement pour prendre acte qu'il n'y a plus de majorité (...) et restituons rapidement la parole aux électeurs», a exigé Matteo Salvini dans un communiqué en fin d'après-midi. Dans la foulée, il a pratiquement lancé sa campagne électorale lors d'un meeting à Pescara (centre).
«On nous dit qu'on ne peut pas réduire les impôts. Nous prouverons, si vous nous donnez la force de le faire, qu'il est possible de réduire les impôts aux travailleurs italiens», a-t-il lancé devant ses sympathisants.
Cette décision inattendue de Matteo Salvini a provoqué la colère du chef du gouvernement Giuseppe Conte et de Luigi Di Maio. M. Conte a estimé que Matteo Salvini devra «expliquer et justifier» devant le peuple italien sa décision de mettre un terme à la coalition populiste au pouvoir, alors que la Ligue a obtenu pratiquement tout ce qu'elle voulait.
M. Di Maio a pour sa part accusé Matteo Salvini de négliger les intérêts du pays en raison de sondages qui lui sont favorables. La crise au sein de la coalition a été déclenchée par le dernier vote de la session parlementaire sur la ligne Lyon-Turin, mercredi.
Le M5S s'est retrouvé à voter tout seul une motion contre cette liaison franco-italienne à grande vitesse, tandis que la Ligue apportait son soutien à deux motions de l'opposition en faveur du projet.
Des élections dès octobre ?
Selon les médias italiens, la Ligue voudrait que les élections législatives se déroulent dans la seconde moitié du mois d'octobre. Les dimanche 13, 20 et 27 sont évoqués.
Quelle que soit la date, la Ligue se présentera en position de force avec des sondages qui la donnent à 36/38% des intentions de vote, voire plus, lui permettant potentiellement de gouverner presque seule, ou avec l'appui déjà acquis d'avance du parti post-fasciste Fratelli d'Italia. Le M5S reste lui en revanche loin derrière avec environ 17% des intentions de vote.
La grande inconnue reste la réaction du chef de l'Etat, Sergio Mattarella, qui a seul le pouvoir de dissoudre le Parlement, après consultation des présidents des deux chambres et des principaux dirigeants politiques avant de convoquer un scrutin.
Or M. Mattarella est notoirement opposé à des élections à l'automne, septembre-octobre étant la période où le gouvernement doit préparer le budget de l'année prochaine, en discuter avec Bruxelles et le présenter pour adoption au Parlement.
Un gouvernement sortant, expédiant simplement les affaires courantes, n'aurait pas le poids nécessaire pour négocier avec Bruxelles et cette situation pourrait nuire à l'Italie sur les marchés.
Selon l'agence AGI, le Sénat pourrait se réunir le 20 août pour acter la chute du gouvernement, et le Parlement pourrait être dissous quelques jours plus tard. De nouvelles élections devraient alors être convoquées dans un délai de 50 à 70 jours, selon la Constitution italienne.