De la couture pour passer ses nerfs. Diana Weymar, une artiste américaine de 50 ans, a décidé l'an dernier de broder les pires citations de Donald Trump pour protester contre le président des Etats-Unis mais également canaliser sa colère. Un projet qui a fait boule de neige, au point de faire l'objet d'une exposition en ce moment à New York.
Tout a commencé en janvier 2018 avec une photo postée sur Instagram par Diana Weymar. On pouvait y voir un coussin sur lequel était inscrit «I Am a Very Stable Genius» («Je suis un génie très stable»), surbrodé sur un motif floral typique de la broderie classique. Cette phrase venait d'être tweetée par Donald Trump, en réponse à des articles qui s'interrogeaient sur sa santé mentale.
Le succès a été instantané. Motivée par la vague de soutien qu'elle a reçue, l'artiste a décidé de broder une ou deux de ces citations qui rendent folle une partie de l'Amérique. Mais face à un président qui multiplie les déclarations chocs et tweete parfois plus de dix fois par jour, elle s'est vite sentie dépassée, au point d'organiser des ateliers et d'en appeler aux brodeuses et brodeurs du monde entier.
Le résultat, c'est le «Tiny Pricks Project», qui compte désormais plus de 900 pièces cousues sur des napperons, des petites culottes, des bavoirs ou des mouchoirs. La moitié a été fabriquée par Diana Weymar elle-même. L'autre moitié provient de brodeurs de France, d'Australie ou encore du Royaume-Uni. Beaucoup de ces pièces sont exposés actuellement dans une boutique de New York, Lingua Franca, jusqu'à début septembre.
«Crooked Hillary», «Witch Hunt !» et «Grab 'em by the pussy»
Mais il est également possible d'admirer ces oeuvres sur un compte Instagram dédié à ce projet, qui compte plus de 30 000 abonnés. Parmi les citations de Donald Trump qui ont été appropriées par les brodeurs figurent notamment les célèbres «Crooked Hillary» («Hillary la crapule»), surnom dont le président américain a affublé Hillary Clinton depuis la campagne présidentielle de 2016, et «Witch Hunt !», en référence à la chasse aux sorcières dont Donald Trump s'estime victime dans le cadre de l'enquête russe.
Revient également sur plusieurs pièces la phrase «Grab 'em by the pussy» («Les attraper par la chatte»), une expression que le milliardaire républicain a utilisé en marge d'une émission enregistrée en 2005, pour expliquer que sa notoriété lui permettait d'embrasser et de toucher les femmes sans leur consentement.
Diana Weymar a expliqué sa démarche au New Yorker : «Les gens sont à la maison, frustrés. Ils ne peuvent plus parler de politique. Ce projet est comme une chasse au trésor. Vous trouvez la citation qui résonne vraiment pour vous. Par exemple, où étiez-vous au moment où vous l'avez entendu dire cela, et où vous avez pensé: 'Oh, non, non, non, non. Ce n'est pas possible. C’est notre président. C’est notre président.' En ce sens, je pense que c'est comme un mémorial - comme lorsque vous voyez le mémorial du Vietnam, c'est la multitude qui vous frappe.»
L'artiste ne compte pas s'arrêter là et ambitionne d'avoir réuni 2.020 pièces d'ici l'élection présidentielle de 2020. Elle rêve même que sa collection puisse influer sur le vote de certains. «J'espère qu'elle sera assez importante pour voyager dans les Etats décisifs» pour la victoire d'un candidat, confie-t-elle.