Le Portugal a demandé lundi l'aide des bombardiers d'eau espagnols pour lutter contre les incendies de forêt qui ont repris dans la soirée, attisés par les vents, dans une région du centre du pays où le feu avait tué plus de cent personnes il y a deux ans.
Lisbonne a demandé de l'aide à l'Espagne voisine qui va envoyer «deux avions amphibie lourds» attendus en fin de journée, a annoncé le ministère de l'Intérieur dans un communiqué. «L'Union européenne est préparée pour renforcer son aide si nécessaire», a annoncé Natasha Bertaud, porte-parole de la Commission européenne.
L'incendie était «pratiquement circonscrit dans la matinée, mais les conditions atmosphériques n'ont pas permis une consolidation de la situation», a expliqué le Premier ministre Antonio Costa à la presse. Les feux de forêts, qui avaient pourtant été déclarés «maîtrisés à 90%» lundi matin, ont été attisées par des vents aux directions changeantes qui ont provoqué des reprises dans des zones difficiles d'accès. Près de 1.300 pompiers et 17 aéronefs, avec 318 véhicules, venus de toutes les régions du Portugal, étaient toujours mobilisés dans la région de Castelo Braco, à 200 km au nord de Lisbonne, pour venir à bout des flammes, selon l'Autorité nationale de la protection civile.
A près de 200 kilomètres au nord de Lisbonne, dans le petit village de Cardigos, des avions et hélicoptères bombardiers d'eau ont arrosé dans un va-et-vient incessant des colonnes de fumée sous le regard inquiet des habitants.
Exténués, se versant régulièrement de l'eau sur la tête, les pompiers se relayaient au front pour éviter que les flammes ne s'approchent des habitations.
«Ici ça brûle depuis samedi soir. Hier, on pensait que c'était terminé, que c'était complètement éteint. Puis d'un coup le feu reprend avec ce vent», a raconté à l'AFP Fernando Almeida, un habitant de Casais de Sao Bento en remplissant une énorme cuve dans son jardin à l'aide de tuyaux d'arrosage afin qu'un hélicoptère puisse s'y ravitailler en eau.
Les feux de forêt s'étaient déclarés samedi après-midi sur trois fronts et la nuit suivante plusieurs hameaux avaient été évacués par précaution. Le travail des pompiers avait été compliqué par les températures élevées et les bourasques.
«Rester vigilants»
Un pompier a été blessé lundi dans les opérations de secours, ce qui porte à 32 le nombre de blessés la plupart intoxiqués par la fumée. Le président Marcelo Rebelo de Sousa, qui a rendu visite à un blessé grave, qui avait été évacué vers un hôpital de Lisbonne, a exprimé «sa solidarité» aux pompiers et aux populations touchées.
La police judiciaire a ouvert une enquête pour déterminer les circonstances de ces feux de forêt et déterminer s'ils ont une origine criminelle. Un incendiaire présumé de 55 ans, soupçonné d'avoir mis le feu près de Castelo Branco, sans avoir vraisemblablement joué de rôle dans les vastes incendies qui se sont déclenchés samedi, a été arrêté dimanche, a annoncé la police judiciaire.
Le porte-parole de la protection civile Pedro Nunes avait appelé lundi après-midi les habitants des régions touchées par les incendies à «rester vigilants» et à suivre promptement «les indications données par les forces de sécurité».
Cette région vallonnée et couverte de forêts est régulièrement la proie des incendies. Les plus meurtriers de l'histoire du Portugal y avaient tué 114 personnes en 2017, en deux vagues en juin puis en octobre. Très touchées par l'exode rural, ces collines ne sont plus guère habitées que par des personnes âgées. Elles sont plantées de pins et d'eucalyptus, une essence extrêmement inflammable mais très demandée par l'industrie du papier.
Malgré les risques, les propriétaires continuent à planter des eucalyptus, qui poussent très vite et représentent une source de revenus non négligeable.
Selon une étude du système européen d'information sur les incendies de forêt (EFFIS) publiée en mai, plus de 250.000 hectares sont partis en fumée à travers l'Europe entre janvier et avril 2019, un total qui a déjà dépassé les 181.000 hectares brûlés pendant toute la saison des feux 2018.