L'explosion de la maladie de Lyme dans le monde aurait-elle été favorisée par une expérience ratée de l'armée américaine entre 1950 et 1975 ? La Chambre des représentants a demandé le 11 juillet dernier une enquête à l'inspecteur général du ministère de la Défense pour faire la lumière sur ces suspicions.
Les accusations ont notamment fait surface en mai, lorsque Kris Newby, une scientifique de l'université Stanford elle-même touchée par la maladie, a sorti un ouvrage : Bitten : The Secret History of Lyme Disease and Biological Weapons (que l'on pourrait traduire en : l'Histoire Secrète de la Maladie de Lyme et des Armes Biologiques). Dans ce livre, un ancien chercheur suisse travaillant aux États-Unis et qui avait identifié la fameuse maladie transmise par les tiques, Willy Burgdorfer, est mis en avant. Cet homme étudiait les tiques ou encore les puces dans le but d'en faire des armes biologiques pour l'armée américaine.
L'une des stratégies imaginées par l'armée aurait été de larguer ces insectes par voie aérienne afin de les disperser dans la zone cible. Kris Newby affirme que, pour tester cette stratégie, des tiques non-infectées auraient été lâchées sur des zones résidentielles américaines, pour évaluer leur propagation. Sauf que l'expérience aurait mal tourné, et menée à la propagation rapide de la maladie de Lyme.
Une maladie qui cause des controverses
Découverte en 1970, cette maladie bactérienne toucherait environ 330 000 personnes par an aux États-Unis, selon les Centres pour le Contrôle des Maladies et de la Prévention. En France, selon Santé publique, le nombre de cas serait de 67 000 en 2018. Cependant, ces estimations sont difficiles à réaliser. La maladie est encore sujette à beaucoup de controverses, notamment lorsqu'il s'agit des tests de dépistage, peu fiables.
Les médecins ne sont pas non plus d'accord sur un point : est-ce que la maladie présente une forme chronique ou non ? Une maladie chronique est «de longue durée, évolutive, avec un retentissement sur la vie quotidienne», peut-on lire sur le site du ministère de la Santé. Les malades et certains scientifiques affirment que c'est le cas, quand d'autres s'y opposent. Ce débat n'a pas encore été réglé, et devrait continuer d'animer l'actualité scientifique pendant les mois à venir.