Plus discrètes que la rue, les applications mobiles de rencontres Tinder et Grindr, dédiée à la communauté gay, sont devenues les nouveaux quartiers de la prostitution. Zoom sur ces plateformes où il est désormais devenu monnaie courante de proposer, et de trouver, des relations sexuelles rémunérées.
Si la loi française interdit depuis 2016 «le fait de solliciter, d'accepter ou d'obtenir des relations de nature sexuelle d'une personne qui se livre à la prostitution», le phénomène n’est pas rare. En effet, il suffit de «balayer» sur la droite une dizaine de profils d'hommes pour que quelques minutes plus tard, l’un d’entre eux propose une rémunération à une jeune contre une relation sexuelle.
Relations tarifées plus rentables, plus de sécurité, sentiment d'anonymat, … Ces applications présentent plusieurs avantages pour les prestataires. Elles offrent également des renseignements aux clients, quant au profil souhaité, comme l'âge, la position GPS, la taille, le poids, le statut VIH, ... «Un jour, un type m'a envoyé par message le sigle euro sur Grinder, c'est comme ça que j'ai commencé à me prostituer», a confié l’une des utilisatrices à Slate.fr.
D’autre part, si Tinder stipule dans son règlement qu’«il est formellement interdit de promouvoir ou d'encourager des services sexuels payants, du trafic d'êtres humains ou d'autres actes sexuels non consentants. Si vous le faites, votre compte sera banni de Tinder.», il est aisé de déjouer le système de sécurité de l’application en créant notamment de nouvelles adresses mails : «Je dois avoir vingt-sept adresses mails différentes. Il suffit de recréer un nouveau compte», explique l’un d’entre elles, toujours à nos confères de Slate.fr.
Pour d’autres, séduire de manière conventionnelle est devenu difficile avec l’âge, ainsi, «certains membres finissent par payer», observe Vincent Rubio, chercheur en sciences sociales à l’université Paris-Nanterre.
A noter qu'une étude du Mouvement du nid, une association dont le but est d'abolir le système prostitueur, révèle que 60% des personnes se prostituant passent par un site internet. Un rapport publié par la Fondation Scelles, quant à lui, affirme qu'internet représente deux tiers de la prostitution.