Dans une interview à la chaîne de télévision publique suisse RTS, mardi 11 juin, Emmanuel Macron a déclaré qu'il soutiendrait Angela Merkel si jamais elle se présentait à la présidence de la Commission européenne. Une idée qui pourrait faire son chemin.
«Je ne veux pas m'engager pour Angela Merkel pour qui j'ai beaucoup d'amitié. Le voudrait-elle (devenir présidente de la Commission européenne, NDLR), je la soutiendrais», a affirmé le président français sur RTS. La chancelière allemande n'a pour l'heure pas montré d'intérêt pour le poste, soutenant plutôt la candidature de son compatriote Manfred Weber, chef de file du PPE, groupe politique de centre-droit arrivé en tête des dernières élections européennes.
Le Bavarois de 46 ans serait le candidat naturel à la succession de Jean-Claude Juncker. Mais Emmanuel Macron, tout comme plusieurs autres dirigeants européens, s'oppose au système des «Spitzenkandidaten», en vigueur depuis 2014, qui dit que la tête de liste du groupe politique européen arrivé en tête des élections doit prendre la présidence de la Commission.
Le chef d'Etat français a déjà dit par le passé qu'il ne se sentait «pas engagé par le système des Spitzenkandidaten», critiquant un mécanisme dans lequel la «cuisine des partis européens» s'impose aux citoyens de l'Union. A la place, Emmanuel Macron veut que les dirigeants des 28 pays de l'Union gardent la main sur le processus de nomination, de manière à pousser un candidat charismatique, capable d'incarner l'Europe sur la scène internationale.
«L'Europe a besoin de visages, de personnalités fortes, de gens qui ont une crédibilité personnelle et les compétences pour remplir les postes qui sont les leurs», a ainsi déclaré le locataire de l'Elysée sur RTS, sous-entendant que Manfred Weber ne coche pas toutes ces cases.
Merkel pour siffler la fin de la récréation ?
Au contraire d'Angela Merkel, qui dirige l'Allemagne depuis maintenant plus de treize ans et est devenue, notamment grâce à sa longévité, l'un des symboles de l'UE. Alors que les dirigeants de l'Union, réunis au sein du Conseil européen, s'écharpent sur le nom du candidat à la présidence de la Commission qu'ils doivent soumettre au Parlement, «Mutti» pourrait mettre tout le monde d'accord.
«Le président de la Commission doit être désigné par le Conseil aux deux tiers des voix. Merkel est une des rares personnes en Europe qui peuvent se le permettre», déclarait un diplomate européen au quotidien belge L'Echo dès le mois d'avril dernier.
Ce serait une belle porte de sortie pour Angela Merkel, qui a quitté la tête de son parti chrétien-démocrate, la CDU, en décembre, et qui a annoncé qu'elle ne se représenterait pas pour un nouveau mandat de chancelière en 2021.
Elle pourrait même être forcée de quitter le pouvoir avant, sa coalition gouvernementale avec les sociaux-démocrates du SPD ne tenant plus qu'à un fil. Ces derniers réfléchissent en effet à sortir de l'alliance après des revers électoraux à répétition, ce qui pourrait déclencher des élections législatives anticipées et entraîner un départ prématuré de la chancelière. Pour rebondir à Bruxelles ?