Des milliers de Japonaises entendent donner un coup de pied aux diktats de la féminité avec le mouvement #KuToo, né du ras-le-bol de l'obligation de porter des talons aiguilles au travail.
Clin d'oeil au hashtag #MeToo, le mouvement #KuToo – de «kutsu» (chaussure) et «kutsuu» (douleur) – a été lancé en février par la jeune actrice Yumi Ishikawa, qui veut lutter contre ce qu'elle considère comme une discrimination sexiste.
«De nombreuses femmes m'ont dit qu'elles voulaient travailler dans des secteurs où porter des talons est obligatoire, mais qu'elles avaient dû y renoncer parce que leurs pieds ne supporteraient pas la douleur», souligne Yumi, qui a elle aussi été obligée de porter des talons hauts lorsqu'elle travaillait dans une entreprise de pompes funèbres.
Au Japon, le mouvement #KuToo créé par Yumi Ishikawa dénonce la tradition qui veut qu’au travail les femmes portent des talons hauts. Dessinatrice Rika Asakawa pic.twitter.com/4aileiESXk
— Marie-Noëlle Lanuit (@mnlanuit) 25 mars 2019
Car si le règlement intérieur ne le stipule pas, de nombreuses entreprises nippones obligent implicitement leurs employés féminins à porter des escarpins, une pratique jugée «professionnellement nécessaire et appropriée» par le ministre du Travail.
Sur les réseaux sociaux, de nombreuses femmes n’ont pas hésité à publier des clichés de leurs pieds abîmés et blessés après avoir passé toute une journée de travail à plusieurs centimètres du sol. Sans compter les douleurs rotuliennes et le mal de dos…
I support the #kutoo movementpic.twitter.com/VK46dBSqMv
— Kristine Ohkubo (@AuthorKristineO) 11 juin 2019
Depuis, une pétition - qui a recueilli près de 30 000 signatures - a été remise au ministère de la Santé et du Travail. «Il est très important pour nous de prendre conscience que nous sommes traitées de façon injuste. Et nous devons être en colère pour cette raison. Aujourd'hui, nous avons déposé une pétition pour demander une loi interdisant aux employeurs de forcer les femmes à porter des talons, ce qui est de la discrimination sexuelle et constitue un harcèlement», s'insurge Yumi Ishikawa.