Une fonction très convoitée, malgré les défis qui se présentent. Après la démission de Theresa May vendredi 7 juin, la course au poste de Premier ministre du Royaume-Uni a officiellement démarré ce lundi 10 juin.
Les prétendants avaient jusqu’à lundi 18h pour postuler. Dix candidats sont sur les rangs, le vainqueur devant être désigné fin juillet. Certains, comme l’éphémère ministre du Brexit, Dominic Raab, ou le ministre des Affaires étrangères, Jeremy Hunt, ont lancé dès lundi leur campagne. Celle-ci devrait tourner autour du sujet numéro un outre-Manche depuis de longs mois : le Brexit, un dossier explosif qui a coûté sa place à Theresa May.
Le Brexit sur toutes les lèvres
Pour sortir de l’impasse sur le divorce avec l’UE, déjà reporté à deux reprises et désormais fixé au 31 octobre, les candidats au poste de Premier ministre ont chacun leur vision. L’ex-chef de la diplomatie, Boris Johnson, favori pour succéder à Theresa May, n’hésite pas à mettre la pression sur Bruxelles. Il menace notamment de ne pas payer la facture du Brexit – estimée à 40 milliards d’euros environ – si l’UE ne propose pas de meilleures conditions de retrait à son pays.
Tout comme Dominic Raab ou Andrea Leadsom, ex-ministre chargée des relations avec le Parlement, Boris Johnson envisage même une sortie sans accord le 31 octobre. Un «no deal» que Bruxelles veut à tout prix éviter, craignant «des perturbations significatives pour les citoyens et les milieux d’affaires». Une petite candidate, Esther McVey, ex-présentatrice de télévision, va encore plus loin en appelant à sortir directement de l’UE.
«Les concurrents sont dans une course à l’échalote pour savoir qui aura la position la plus extrême», commente Olivier de France, directeur de recherche à l’Iris, qui explique cela par le système britannique : le prochain Premier ministre sera désigné par les membres du parti et les députés conservateurs, majoritaires au Parlement.
Malgré tout, d’autres prétendants restent opposés à un «no deal». C’est le cas de Jeremy Hunt, qui a affirmé dimanche 9 juin qu’une renégociation avec les Européens était possible pour éviter un Brexit sans accord, s’appuyant sur une discussion avec Angela Merkel. Pour éviter un «no deal», le ministre de l’Environnement, Michael Gove, et le député Mark Harper sont quant à eux prêts à demander un nouveau report à l’UE. Sam Gyimah, qui était le seul à proposer un second référendum, a de son côté jeté l’éponge lundi soir.
Un bourbier inextricable ?
Mais ces différentes stratégies pourraient se heurter aux réalités du terrain. Dès l’annonce de la démission de Theresa May, fin mai, la Commission européenne a fait savoir que cette décision ne changeait «rien» à la position des 27 Etats membres de l’UE, sous-entendant que l’accord de Brexit ne serait pas ouvert à la renégociation.
D’un autre côté, «un no deal ne recueillerait aucune majorité au Parlement britannique», anticipe Olivier de France, les députés ayant rejeté cette option de justesse en mars dernier (312 votes contre 308). «Le seul scénario viable est l’organisation d’élections anticipées, poursuit le chercheur. Mais les conservateurs ne le feront pas, de peur de perdre le pouvoir.»