A moins de trois jours des élections municipales en Espagne, Manuel Valls, devancé dans les sondages, compte encore créer la surprise à Barcelone.
Le 26 mai, jour du scrutin européen, représente en effet une soirée électorale à double enjeux pour l'Espagne, puisque se tiendront également les élections municipales. A Barcelone, capitale de la Catalogne, le candidat Manuel Valls est à la traîne.
Dans les sondages les plus récents, la liste de l'ancien premier ministre français, associé avec le parti de centre-droit Ciudadanos, arrive en troisième ou quatrième position des intentions de vote aux élections municipales à Barcelone.
Si sa liste demeure au coude-à-coude avec celle Jaume Collboni du Parti socialiste catalan, (PSC), le candidat demeure bien loin derrière les deux favoris : Ada Colau, maire sortante et chef de file de la gauche radicale et Ernest Maragall, leader de la Gauche républicaine (ERC).
Manuel Valls a pourtant conduit pendant plusieurs semaines une campagne offensive axée sur l'insécurité à Barcelone en proposant notamment de fournir davantage d'agents à la police locale et de faire disparaître des quartiers touristiques les vendeurs à la sauvette. Défenseur de la «primauté du droit» face à l'indépendantisme catalan, il cible donc à la fois les indépendantistes et Ada Colau - qualifiée de «populiste» et à laquelle il attribue «une politique désastreuse en matière de sécurité et de logement».
Pas sûr que cela suffise pour remporter le place de maire à Barcelone. Avec ces scores, Manuel Valls n'obtiendrait que six sièges au conseil municipal de la ville. La victoire des socialistes du PSOE aux dernières élections générales, le 28 avril dernier, ne donne guère plus d'espoir à une possible «remontada» du franco-espagnol centre-droit.
Un discours court-circuité par son allié
Depuis l'officialisation de sa candidature, en septembre 2018, Manuel Valls peine à rassembler, même avec le soutien de Ciudadanos : la formation libérale et pro-européenne a fait de lui son égérie pour les municipales, et occupe une bonne partie des noms sur sa liste, aux côtés d'autres candidats socialistes.
Pas sûr néanmoins que cette alliance reste un atout. Alors que l'ancien élu français envisageait une deuxième alliance avec les socialistes autonomistes, le discours du leader de Ciudadanos à l'échelle nationale Albert Rivera lors des élections générales notamment, ont quelque peu tranché avec le programme porté par le franco-espagnol.
Anti-IVG, connu pour ses positions conservatrices sur l'immigration et opposé à toute alliance avec la gauche, Rivera se rapproche en effet petit à petit de la droite conservatrice, à l'instar du Parti populaire (PP). Il fait même partie de la coalition conclue en décembre 2018 en Andalousie avec les conservateurs et le mouvement d'extrême-droite Vox.
Un partenariat difficilement compatible avec le discours anti-extrêmes de Manuel Valls, alors même qu'il se présente comme le «vote utile», seul rempart contre un futur gouvernement nationaliste et populiste.