Après la libération des deux otages français enlevés au Bénin le 1er mai dernier, la France pleure la disparition de deux militaires, assassinés pendant l'opération de libération qui s'est déroulée dans le nord du Burkina Faso.
Libérés dans la nuit du 9 au 10 mai juste avant d'être livrés aux djihadistes de Katiba Macina, Patrick Picque et Laurent Lassimouillas, ainsi qu'une autre otage, une ressortissante sud-coréenne, ont attéri ce samedi sur l'aérodrome militaire de Villacoublay, accueillis par Emmanuel Macron.
Une décision qui n'a pas fait l'unanimité, notamment auprès de Hubert Falco, le maire LR de Toulon, chef lieu du département où étaient basés les militaires assassinés, qui a refusé de «cautionner l'accueil solennel envisagé» pour les otages, les qualifiant de «touristes inconscients».
Les ex-otages reconnaissent leurs torts
Les premiers mots des ex-otages ont été pour les deux militaires, dès leur arrivée sur le sol français. Laurent Lassimouillas a notamment admis qu'ils auraient dû «prendre davantage en considération les recommandations de l'Etat et la complexité de l'Afrique». Plus tôt dans la journée, les deux Français avaient été acceuillis par le président burkinabé au palais présidentiel de Ouagadougou, où ils avaient également tenu à adresser leurs pensées aux soldats qui les ont «libéré de cet enfer», ainsi que pour leur guide béninois assassiné par les preneurs d'otages le jour de l'enlèvement.
Enlevés au Bénin dix jours plus tôt alors qu'ils participaient à un safari dans le parc national de la Pendjari, Patrick Picque et Laurent Lassimouillas «ont pris des risques majeurs», selon Jean-Yves Le Drian. Pourtant, le doute persiste encore sur la zone exacte de l'enlèvement des deux touristes.
Si le ministre des Affaires étrangères affirme que «la zone où étaient nos deux compatriotes était considérée depuis déjà pas mal de temps comme une zone rouge, c'est-à-dire une zone où il ne faut pas aller», les deux touristes auraient également pu se trouver à proximité de la plus grande partie du parc, sanctuaire de la faune sauvage d'Afrique de l'Ouest, située elle en zone orange (zone déconseillée sauf raison impérative) ou jaune (zone de vigilance renforcée).
L'hommage national aux deux militaires tués
La Marine Nationale a dévoilé les visages de Maître Cédric de Pierrepont et maître Alain Bertoncello, les deux officiers mariniers âgés de 33 et 27 ans qui ont perdu la vie lors de l'opération de libération des otages. «J'admire leur courage, je partage la peine de leurs familles et de leurs proches», a déclaré Amiral Christophe Prazuck, le chef d'état-major de la Marine.
Qualifiés par la ministre des Armées Florence Parly de «héros qui ont donné leurs vies pour sauver celles des autres», les deux militaires faisaient partie du prestigieux commando Hubert, l'une des sept unités de commandos de la Marine nationale basée à Saint-Mandrier dans le Var. Ils ont trouvé la mort lors d'un échange de coups de feu pendant l'opération.
Morts pour la France cette nuit au Burkina Faso, les commandos marine Cédric de Pierrepont et Alain Bertoncello ont sacrifié leur vie pour sauver celle de 4 otages, désormais libres. Je pense à leurs familles, à leurs frères d’armes. Toute la Nation s’incline devant leur courage. pic.twitter.com/AiLn6iVCxw
— Florence Parly (@florence_parly) 10 mai 2019
«C'était leur travail et ils ne se posaient même pas la question de ce qu'ils devaient faire», ont confié les parents d'Alain Bertoncello au Parisien.
Ils ont donné leur vie pour en libérer d'autres. Mardi, nous rendrons un hommage national aux Invalides à Cédric de Pierrepont et Alain Bertoncello. Dès à présent, portons nos pensées vers leurs familles et frères d'armes.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 10 mai 2019
Mardi, une cérémonie présidée par Emmanuel Macron se déroulera aux Invalides pour rendre hommage aux deux soldats.