A la veille de la publication à Paris d'un rapport très alarmant sur la biodiversité, les ministres de l'Environnement du G7, réunis dimanche à Metz avec des représentants d'autres pays, ont démarré des discussions devant déboucher sur des actions «concrètes».
«Nous devons sortir de ce G7 (…) avec des choses très concrètes qui dépassent les discours», a exhorté la secrétaire d'Etat française à la Transition écologique Brune Poirson à l'ouverture des débats.
Outre les pays du G7 (France, Canada, Allemagne, Etats-Unis, Italie, Japon, Royaume-Uni), sont présentes des délégations du Mexique, du Chili (qui accueillera la COP25 climat fin 2019), du Niger, du Gabon, d'Egypte, d'Inde, d'Indonésie, des îles Fidji, de la Norvège et de l'Union européenne.
Jusqu'à lundi, ils examinent une série d'initiatives (lutte contre la déforestation, les pollutions plastiques, des systèmes de climatisation propres, la protection des récifs coralliens etc.), qui doivent déboucher sur la formation de coalitions de pays pour les porter. Le financement des actions en faveur de la biodiversité sera aussi étudié.
Ce G7 Environnement doit se conclure par l'adoption d'une charte biodiversité par les pays qui le souhaitent.
«Ces propositions ont notre soutien entier», a déclaré le commissaire européen à l'Environnement Karmenu Vella.
Au même moment, lundi, sera rendue publique à Paris la version finale d'un vaste rapport sur la situation mondiale des écosystèmes. Jusqu'à un million d'espèces seraient à ce jour en danger, selon une première version de ce texte.
En s'appuyant sur ces travaux, «nous nous accorderons sur les meilleurs moyens pour rehausser la place accordée à la biodiversité sur la scène internationale et pour aboutir à un résultat ambitieux à la COP15» biodiversité en Chine fin 2020, a promis le ministre français de la Transition écologique François de Rugy à l'ouverture du sommet.
Pour les associations, le compte n'y est pas
La lutte contre le changement climatique a occulté pendant un temps la nécessité de protéger la biodiversité dans les discussions internationales.
Mais la réunion des Etats membres de la Convention de l'ONU sur la diversité biologique (COP15) à Kunming, doit fixer un agenda pour protéger la biodiversité après 2020, après l'échec à remplir la plupart des engagements pour 2011-2020, connus comme les «objectifs d'Aichi».
La France espère aussi parvenir à la rédaction d'un communiqué final de ce G7 Environnement, en dépit des différends avec les Etats-Unis sur le climat.
Pour sa première intervention dimanche matin, Andrew Wheeler, le patron de l'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA), a regretté que «trop d'attention soit accordée aux scénarios du pire» sur le climat.
En marge du G7 Environnement, des conférences sur la biodiversité, le changement climatique et la transition écologique sont proposées au public au Centre Pompidou-Metz.
Pour de nombreuses associations, le compte n'y est pas, aussi bien en matière de lutte contre le changement climatique que de protection de la biodiversité. Les membres du G7 font partie des pays «les plus riches, les plus développés, mais aussi les plus pollueurs de la planète», rappelle Réseau action climat (RAC). «Ils ont donc la responsabilité d'agir pour enrayer cette crise».
Dimanche midi, une cinquantaine de membres d'un «Alter G7 Metz» ont mimé «une scène de catastrophe naturelle» pour appeler à l'action.
«On sait qu'ils sont d'accord pour surtout ne rien changer, continuer à engranger des profits et à faire en sorte que les pays soient en concurrence fiscale et que le système capitaliste soit bien protégé», a dénoncé Charlotte, membre du collectif.
Samedi, plusieurs milliers de personnes, parmi lesquelles de nombreux «gilets jaunes», avaient participé à Metz à une «marche mondiale pour une justice écologique et sociale».
Le point d'orgue de la présidence française du G7 sera la tenue du sommet de Biarritz fin août. En 2020, la présidence tournante sera assurée par les Etats-Unis.