Selon des chercheurs hollandais, la population de papillons présente aux Pays-Bas a diminué de 84 % au cours des 130 dernières années. Leurs travaux, compilés en une étude des plus préoccupantes, vient ainsi confirmer, une fois de plus, l'alarmant déclin des insectes en Europe.
En résumé, c'est tout un monde qui disparaît sous nos yeux et les chiffres à la mesure de la catastrophe en cours sont impitoyables.
Ainsi, dans le détail, après avoir analysé plus 120.000 papillons de collection capturés entre 1890 et 1980, et en les comparant à des données scientifiques plus récentes provenant de près de 2 millions de rapports d'observations, les scientifiques hollandais indiquent que 71 espèces de papillons du pays ont chuté à des niveaux extrêmement bas lorsqu'au moins 15 d'entre elles ont complètement disparu.
Mais Chris Van Swaay, de la Société hollandaise de conservation de papillons et co-auteur de l'étude, publiée dans la revue spécialisée Biological Conservation, en est persuadé. Selon lui, «la disparition totale doit en réalité être beaucoup plus importante», a-t-il ainsi déclaré au Guardian.
Un déclin planétaire
En outre, comme le souligne le quotidien britannique, le cas hollandais n'est malheureusement pas isolé et s'incrit dans un déclin beaucoup plus global.
A l'échelle de la planète, la population totale d'insectes tendrait en effet à chuter de 2,5 % chaque année.
Concernant seuls les insectes volants, la situation en Allemagne est encore pire. Ainsi, selon les travaux menés sur place par une équipe internationale d'entomologistes, 76 à 82 % de ces insectes des airs ont disparu depuis 1989. Une véritable hécatombe.
L'agriculture intensive pointée du doigt
Parmi les différentes causes possibles de ce massacre, l'agriculture intensive, qui pratiquée de façon quasi-industrielle, ne leur laisse aucune chance, estiment les spécialistes.
«Rien qu'aux Pays-Bas, jusque dans les années 1950, les prairies étaient humides et parsemées de fleurs. Mais dès les années 1970, les terres ont été draînées et de grandes quantités d'engrais introduites, ne laissant quasiment plus aucune place aux papillons», explique en ce sens Chris Van Swaay.
Not a joke. https://t.co/yc62NaRqki
— Thijs (@thijs) 1 avril 2019
A cet égard, le papillon dit de la fritillaire des marais (aurinia d'Euphydryas) a, lui, eu encore moins de chance et aux Pays-Bas, il n'existe plus, si ce n'est dans de lointains souvenirs.
Au niveau du Vieux-Continent, l'Union européenne prépare actuellement une nouvelle politique agricole commune (PAC), mais en termes de mesures relatives à la biodiversité, les écologistes déplorent des politiques contradictoires, tantôt favorables, tantôt contre-productives.