160 personnes ont été massacrées dans un village peul du centre du Mali, samedi 23 mars. C'est la tuerie la plus sanglante depuis la fin des principaux combats de l'opération lancée en 2013, à l'initiative de la France, pour chasser les groupes jihadistes ayant pris le contrôle du nord du pays.
que s'est-il passé ?
Des hommes armés habillés en chasseurs traditionnels ont fait irruption dans le village d'Ogossagou, à côté de la ville de Bankass, proche de la frontière avec le Burkina Faso. Les assaillants se sont ensuite dirigés dans le village de Welingara, deux kilomètres plus loin.
«Le village a été attaqué par des chasseurs des milices armées de Dan Nan Ambassagou, dirigées par Youssouf Toloba. Quand ils sont arrivés dans le village, ils ont commencé à tirer sur la population civile. Ils ont découpé à coup de machettes des femmes. Des femmes enceintes ont été éventrées», témoigne Cheick Harouna Sankaré, maire de la localité voisine Ouenkoro, sur RFI.
Un habitant affirme que dans sa famille, «près de vingt personnes ont été tuées, des gens brûlés, des personnes jetées dans un puits».
QUEL EST LE BILAN DES VICTIMES ?
C'est l'attaque la plus meurtrière depuis le début de la crise au Mali, en 2013. Un nouveau bilan faisait état lundi soir de 160 morts. Des images de cases incendiées, de bétail brûlé et de douilles de fusil dans le village ont été montrées.
affrontements entre plusieurs ethnies
Un groupe jihadiste du centre du pays, le groupe du prédicateur Amadou Koufa, recrute prioritairement parmi les Peuls. Depuis son apparition, il y a quatre ans, les affrontements se multiplient entre cette ethnie d'éleveurs et celles des Bambaras et des Dogons, qui pratiquent l'agriculture.
C'est dans ce contexte que les Dogons ont créé leurs propres «groupes d'autodéfense», tels que l'association «Dan Nan Ambassagou». Selon le gouvernement malien, depuis un certain temps, l'association «s'est écartée de ses objectifs initiaux, en dépit des mises en garde répétées des autorités administratives locales».
une enquête ouverte
Les autorités ont annoncé l'ouverture d'une enquête pour «déterminer les circonstances de ces crimes».
Dans un communiqué, le gouvernement a condamné «un acte odieux» et s'est engagé à «traquer les auteurs de cette barbarie d'un autre âge».
A l'issu d'un conseil des ministres, dimanche, il a annoncé la dissolution de l'association «Dan Nan Ambassagou», «pour dire clairement aux uns et aux autres que la protection des populations restera le monopole de l'Etat», a souligné le Premier ministre, Soumeylou Boubeye Maïga.
Le gouvernement a également annoncé le remplacement des chefs d'état-major des armées, de l'armée de Terre et de l'armée de l'Air.
Ces limogeages au sommet de la hiérarchie militaire interviennent après une attaque jihadiste, le 17 mars contre un camp de l'armée à Dioura (centre), au cours de laquelle 26 soldats ont péri.