94 personnes sont mortes jeudi dans le naufrage d'un bac sur le Tigre à Mossoul, dans l'accident le plus meurtrier en Irak depuis des années survenu en pleine célébration de Norouz, le nouvel an kurde.
Cet incident a provoqué un vif émoi dans la ville qui n'a repris les commémorations de fêtes comme Norouz et autres sorties familiales sur les rives du fleuve que depuis peu, après avoir passé trois années sous la férule des jihadistes de Daesh.
Si les guerres à répétition et les attaques jihadistes ont fait des centaines de milliers de victimes ces dernières années en Irak, des accidents de ce type sont rares. Le dernier naufrage remonte à mars 2013, quand un bateau restaurant avait coulé à Bagdad, là aussi sur le Tigre, faisant cinq morts.
Forte affluence en ce jour de fête
Dans la soirée, le bilan des victimes a été revu à la hausse. Selon le ministère de l'Intérieur, 94 personnes ont péri dans le naufrage et 55 ont pu être secourues.
De nombreuses familles avaient embarqué pour traverser le fleuve en direction de parcs aménagés où les familles piquent-niquent traditionnellement pour Norouz, le Nouvel an kurde décrété jour férié dans l'ensemble du pays.
«C'est une catastrophe. Personne ne s'attendait à ça», a lancé à l'AFP un jeune homme tout juste sorti de l'eau après être parvenu à rejoindre la rive. «Il y avait énormément de monde sur le bateau, surtout des femmes et des enfants», a-t-il encore indiqué.
L'incident est né de la conjonction de la surcharge du bateau et du haut niveau de l'eau, a expliqué un responsable des services de sécurité à Mossoul. D'une part, ce bateau qui transportait des familles et des enfants se rendant dans un complexe touristique de Mossoul «a fait naufrage car il y avait trop de passagers à bord, plus d'une centaine», a-t-il dit à l'AFP.
De l'autre, après d'importantes pluies ces derniers jours, les autorités avaient ouvert des écluses pour alléger la pression au niveau du grand barrage de Mossoul. Elles avaient publié des mises en garde au public, prévenant que les rives du Tigre seraient plus dangereuses avec un niveau de l'eau plus élevé.
Jeudi, sur des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, le courant semblait fort et le niveau de l'eau plus élevé qu'à l'habitude. Ces images montraient des dizaines de personnes flottant ou tentant de surnager autour d'un bateau en partie englouti sous les eaux.
Les recherches se poursuivent
Les opérations de recherche se poursuivent sur des centaines de mètres en aval du lieu du naufrage, a d'ailleurs constaté un journaliste de l'AFP.
Sur la rive, des centaines de personnes étaient regroupées, interrompant leur journée en famille dans cette zone touristique très boisée de Mossoul, particulièrement fréquentée aux premiers beaux jours du printemps. Des ambulances et des véhicules de la police allaient et venaient pour transporter corps et blessés vers les hôpitaux de la ville de près de deux millions d'habitants.
A la morgue, des photos des victimes étaient affichées sur les murs d'enceinte, pour beaucoup celles de femmes et d'enfants, afin que les familles qui ne pouvaient entrer tant la foule était compacte puissent les identifier, a rapporté un journaliste de l'AFP.
A Bgadad, le Premier ministre Adel Abdel Mahdi a annoncé la mise en alerte de l'ensemble des services de santé et la mobilisation de toutes les équipes disponibles à Mossoul pour les recherches. Il a en outre réclamé «un rapport d'enquête sous 24 heures pour déterminer les responsabilités».
L'ancien chef de gouvernement Haider al-Abadi a appelé à décréter un deuil national alors que plusieurs dirigeants politiques dénonçaient l'absence de surveillance des