Les Boeing 737 MAX seront désormais tous équipés d'un signal d'alerte lumineux pour avertir de tout dysfonctionnement du système anti-décrochage MCAS, mis en cause dans l'accident d'un appareil de ce type ayant entraîné la mort de 189 personnes en octobre dernier, a indiqué jeudi à l'AFP une source industrielle.
Cette fonctionnalité, qui était jusqu'à présent optionnelle, va devenir partie intégrante de l'avion : c'est une des modifications que Boeing va présenter aux autorités américaines ainsi qu'aux compagnies clientes dans les prochains jours, a ajouté cette source sous couvert d'anonymat.
Elle a par ailleurs indiqué que ni le 737 MAX 8 de Lion Air ni celui d'Ethiopian Airlines, qui s'est écrasé le 10 mars dernier, n'étaient équipés d'un tel signal.
Les modifications sont au «stade final», a encore dit la source, expliquant que Boeing voulait s'assurer que les autorités et les compagnies aériennes soient satisfaites. Contacté par l'AFP, Boeing n'a pas commenté.
Ce signal d'alerte est appelé «disagree light» dans le langage de Boeing. Il était jusqu'ici payant pour toute compagnie aérienne intéressée mais sera désormais gratuit.
Il s'enclencherait en cas d'informations erronées transmises par une ou deux sondes d'incidence («Angle of attack»- AOA) au système de stabilisation MCAS. Ce système mesure l'angle d'attaque et met l'avion en piqué pour lui permettre de reprendre de la vitesse et de s'éloigner du risque de décrochage fatal.
D'après les premiers éléments de l'enquête concernant Lion Air, une des deux sondes d'incidence AOA était tombée en panne.
Double problème
Un autre problème est apparu lors de ce même accident : bien que défaillante, la sonde a continué à transmettre des informations aux calculateurs, notamment au MCAS.
Or ces instruments prennent la main sur les commandes de vol et mettent l'avion en piqué, même si le pilote tente de faire le contraire, tant que le système n'est pas désactivé.
Avec l'AOA hors service, il aurait fallu désactiver le MCAS. Ce que ne savait pas l'équipage de Lion Air. Il ne savait même pas que ce nouveau système avait été ajouté uniquement sur les versions MAX du Boeing 737.
Des autorités éthiopiennes et canadiennes ont évoqué des similitudes avec l'accident d'un 737 MAX 8 exploité par Ethiopian Airlines le 10 mars au sud-est d'Addis-Abeba. Cet accident a fait 157 morts et entraîné l'interdiction temporaire de vol du 737 MAX.
Une enquête criminelle sur le développement de cet avion a été ouverte aux Etats-Unis, tandis qu'un audit sur sa certification a été mandaté par le ministère américain des Transports.