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Israël : le procureur général a l'intention d'inculper Netanyahu pour corruption

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu au conseil des ministres le 6 janvier 2019 [GALI TIBBON / AFP] Le magistrat, Avichaï Mandelblit, a indiqué que sa décision n'était pas «finale» et qu'il offrait au Premier ministre la possibilité de s'expliquer. [GALI TIBBON / AFP]

Le procureur général israélien a informé jeudi, en pleine campagne électorale, le Premier ministre Benjamin Netanyahu de son intention de l'inculper pour corruption, fraude et abus de confiance dans les dossiers qui le visent, a annoncé le ministère de la Justice.

Le magistrat, Avichaï Mandelblit, a indiqué que sa décision n'était pas «finale» et qu'il offrait au Premier ministre la possibilité de s'expliquer devant lui avant de prendre une décision définitive.

Bien qu'anticipée depuis plusieurs semaines, la décision d'Avichaï Mandelblit, quarante jours avant les législatives anticipées du 9 avril, est cependant susceptible de changer la donne électorale et menace le long règne de «Bibi» qui, à 69 ans et après bientôt treize ans de pouvoir, brigue un cinquième mandat.

M. Mandelblit a l'intention d'inculper M. Netanyahu pour corruption, fraude et abus de confiance dans le «dossier 4000», nom de code donné par les enquêteurs et considéré comme le plus grave pour le Premier ministre.

M. Netanyahu y est soupçonné d'avoir tenté de s'assurer une couverture favorable de la part du site d'informations Walla, en contrepartie de faveurs gouvernementales qui pourraient avoir rapporté des centaines de millions de dollars à Bezeq, principal groupe de télécommunications israélien.

M. Mandelblit compte par ailleurs inculper M. Netanyahu pour fraude et abus de confiance dans deux autres dossiers.

Le parti de droite de M. Netanyahu, le Likoud, a dénoncé une «persécution politique». Le parti travailliste (opposition) a réclamé la démission du Premier ministre. M. Netanyahu devait s'exprimer à 18H00 GMT.

Pas d'inculpation avant plusieurs mois

Auparavant, tandis que tous les médias israéliens consacraient des programmes spéciaux à l'annonce attendue de la part de M. Mandelblit, la Cour suprême avait rejeté trois actions destinées à retarder l'échéance, dont l'une introduite par le Likoud.

Une inculpation, si elle se concrétisait, ne devrait pas intervenir avant plusieurs mois. M. Netanyahu ne serait donc pas inculpé avant les législatives anticipées. Il ne serait pas non plus tenu légalement de démissionner s'il était inculpé après avoir été reconduit à son poste.

Mais une telle décision du procureur général enfonce davantage la campagne dans l'incertitude.

Après avoir enquêté depuis fin 2016, interrogé M. Netanyahu à plusieurs reprises et entendu une multitude de témoins et de suspects, la police a recommandé en 2018 l'inculpation du Premier ministre dans trois dossiers distincts touchant à des échanges de bons procédés entre gouvernants et patrons, des dons présumés de champagne et de cigares ou une tentative de collusion avec la presse.

M. Netanyahu ne cesse de proclamer son innocence. Il dénonce un complot de la part de ses adversaires et des médias.

Le Likoud a posté une animation montrant les dossiers contre M. Netanyahu s'effondrer comme un «château de cartes».

Soutien de Donald Trump

M. Netanyahu a reçu jeudi le soutien du président américain Donald Trump, à l'issue d'un sommet à Hanoï avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un.

«Ce que je peux dire, c'est qu'il a fait un excellent travail en tant que Premier ministre», a dit M. Trump.

M. Netanyahu n'est pas encore inculpé. Mais la question est ouvertement posée : aussi dominante que soit la figure de M. Netanyahu sur la scène politique, les électeurs prendront-ils le risque qu'il soit reconduit alors que l'inculpation le guette ?

Le Premier ministre a tout tenté pour que le procureur attende après les élections. Lui et son entourage ont fait valoir que cela fausserait les règles du jeu. En vain. Pour le quotidien Yediot Aharonot cependant, le tort causé à la campagne de M. Netanyahu n'est pas acquis.

Des voix pourraient se déplacer de la droite autour de M. Netanyahu vers le centre autour de Benny Gantz, principal challenger du Premier ministre, dit le journal. Mais «le contraire peut tout aussi bien se produire : Netanyahu sera en mesure de se servir de l'annonce faite par Mandelblit pour affirmer avec plus de force qu'il est la victime de la propagande des médias», et que le procureur général n'a pas su résister aux pressions de la gauche.

M. Netanyahu et le Likoud restent favoris dans les sondages. Le risque toutefois, c'est qu'un certain nombre d'électeurs moins irréductibles du Likoud préfèrent porter leur suffrage sur le centre plutôt que de risquer un gouvernement avec à sa tête un Premier ministre risquant d'être inculpé.

Le Likoud ne perdrait peut-être que quelques sièges. Mais c'est tout le bloc de droite sur lequel M. Netanyahu entend construire une coalition gouvernementale qui se trouverait affaibli.

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