La question du cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika, contre lequel un «nombre important» d'Algériens ont manifesté ces derniers jours, sera tranchée par les urnes, a affirmé lundi le Premier ministre algérien, dans une première réaction officielle à ces protestations massives.
Des dizaines de milliers d'Algériens sont descendus vendredi dans la rue, notamment à Alger où les manifestations sont strictement interdites, répondant à des appels sur les réseaux sociaux, pour s'opposer au 5e mandat que brigue le président Bouteflika, 81 ans et affaibli depuis 2013 par les séquelles d'un AVC.
La présidentielle «aura lieu dans moins de deux mois, chacun choisira librement. Chacun a le droit de défendre son candidat et d'être contre tout autre candidat, les urnes trancheront de manière pacifique et civilisée», a déclaré M. Ouyahia, écartant implicitement tout renoncement du président à briguer un nouveau mandat.
Des manifestations massives
Répondant à «l'appel au changement» lancé par les manifestants, il a souligné qu'en annonçant sa candidature, M. Bouteflika a promis «dans le cas où il serait élu une conférence sans précédent dans l'histoire de l'Algérie», ouvertes à tous et où il sera débattu «de tout».
Il a par ailleurs appelé les Algériens à «la vigilance» car les «appels à manifester sont d'origine inconnue» et «face au risque de dérapages dangereux».
«L'Algérie a vécu suffisamment de souffrances et connu suffisamment de réformes pour avoir obtenu la possibilité de choisir dans le calme et la paix», a déclaré Ahmed Ouyahia, dont les propos ont été retransmis en direct par des télévisions privées.
Les manifestations massives de vendredi ont surpris par leur ampleur et marqué les esprits en Algérie. Dimanche, un nouveau rassemblement à Alger, à l'appel d'un mouvement citoyen qui peine d'habitude à mobiliser a rassemblé plusieurs centaines de personnes dans le centre de la capitale malgré un dispositif policier important.
Le président Bouteflika a mis fin le 10 février à des mois d'interrogations sur ses intentions, en annonçant dans une «lettre à la Nation» qu'il briguerait un 5e mandat lors de la présidentielle du 18 avril, scrutin présenté comme joué d'avance.
Le chef de l'Etat a quitté l'Algérie dimanche, comme l'avait annoncé la présidence, pour un «court séjour» à Genève, en Suisse, où il doit subir des «examens médicaux périodiques».