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Venezuela : Maduro ferme sur ses positions, l'ultimatum européen expire

Le chef de l'Etat vénézuélien Nicolas Maduro a de nouveau proposé des législatives anticipées en réponse à la pression de l'opposition et des Occidentaux alors qu'expire dimanche l'ultimatum donné par six pays de l'UE pour convoquer une élection présidentielle.

Six pays européens (Allemagne, Espagne, France, Pays-Bas, Portugal, Royaume-Uni) avaient donné à Nicolas Maduro huit jours pour convoquer une nouvelle élection présidentielle, faute de quoi ils reconnaîtraient son opposant Juan Guaido comme président.

Soutenu par la Russie, la Chine, la Corée du Nord, la Turquie ou encore Cuba, M. Maduro, 56 ans, rejette l'ultimatum européen et accuse les Etats-Unis d'orchestrer un coup d'Etat.

Juan Guaido, qui s'est proclamé président, doit de son côté préciser à quelle date arrivera l'aide humanitaire pour aider la population, annoncée samedi lors d'un rassemblement géant de ses partisans pour exiger le départ de Nicolas Maduro.

Des centres de stockage doivent être implantés de l'autre côté de la frontière, en Colombie et au Brésil, et sur une «île des Caraïbes». Les Etats-Unis ont indiqué qu'ils transporteraient cette aide à la demande de Juan Guaido.

L'opposant Juan Guaido s'exprime devant ses partisans rassemblés à Caracas, le 2 février 2019 [Donaldo BARROS / AFP]
L'opposant Juan Guaido s'exprime devant ses partisans rassemblés à Caracas, le 2 février 2019

Réapparu en public pour la première fois depuis six mois, Nicolas Maduro a lui aussi rassemblé samedi des milliers de ses partisans à Caracas et relancé l'idée d'élections législatives anticipées, pour remplacer un Parlement où l'opposition est majoritaire.

Des dizaines de milliers de manifestants sont descendus samedi dans les rues de Caracas, les uns pour exiger le départ de Nicolas Maduro, les autres pour célébrer le 20e anniversaire de la révolution bolivarienne et réaffirmer leur soutien au dirigeant socialiste.

Des deux côtés, les photos prises par l'AFP montraient des rues et des avenues noires de monde. Aucun chiffre fiable ne circule après les manifestations au Venezuela.

Depuis une estrade devant la représentation de l'Union européenne à Caracas, le chef de l'opposition a prédit un mois de février «déterminant» pour chasser du pouvoir Nicolas Maduro.

«Nous allons continuer dans la rue jusqu'à ce que nous soyons libres, jusqu'à la fin de l'usurpation», a déclaré, la voix enrouée, Juan Guaido, 35 ans. «Oui, c'est possible !», lui répondait la foule.

Des Vénézuéliens vivant au Costa Rica manifestent à San Jose contre Nicolas Maduro, le 2 février 2019 [Ezequiel BECERRA / AFP]
Des Vénézuéliens vivant au Costa Rica manifestent à San Jose contre Nicolas Maduro, le 2 février 2019

Il a appelé ses partisans à ne pas relâcher la pression, lors d'une nouvelle manifestation le 12 février, Jour de la jeunesse au Venezuela. Une autre mobilisation, liée à la distribution de l'aide humanitaire, est prévue dans les prochains jours, a-t-il lancé, sans plus de précision.

Des Vénézuéliens ont également manifesté contre Maduro dans plusieurs pays d'Amérique latine, notamment en Colombie, au Chili, au Costa Rica, au Mexique ou en Argentine.

«Liberté !» 

Sur son compte Twitter, le président colombien Ivan Duque a annoncé l'ouverture dans son pays de trois centres de collecte d'aide humanitaire, dont des médicaments et des aliments, pour le Venezuela.

Le président Nicolas Maduro s'adresse à ses partisans le 2 février 2019 à Caracas [HO / Venezuelan Presidency/AFP]
Le président Nicolas Maduro s'adresse à ses partisans le 2 février 2019 à Caracas

«Nous n'avons pas été et ne serons pas un pays de mendiants», a rétorqué Nicolas Maduro. En revanche, «il y a en a certains qui se sentent mendiants de l'impérialisme et vendent leur patrie pour 20 millions de dollars», a-t-il poursuivi en référence au montant de l'aide humanitaire promise par les Etats-Unis à Juan Guaido, mais qui ne peut pas être acheminée sans l'accord des autorités et de l'armée vénézuéliennes.

Depuis le début des mobilisations le 21 janvier, une quarantaine de personnes ont été tuées et plus de 850 arrêtées, selon l'ONU.

Le rassemblement de l'opposition s'est dispersé sans incident majeur signalé.

A une dizaine de kilomètres de là, Nicolas Maduro a annoncé devant ses partisans une augmentation du nombre de soldats, en appelant les miliciens, un corps composé de civils, à rejoindre l'armée pour faire face à ce qu'il a qualifié de «plan macabre» des Etats-Unis.

Il s'est aussi à nouveau dit favorable à la tenue d'élections législatives anticipées dans le courant de l'année, alors que le Parlement est justement la seule institution contrôlée par l'opposition.

Le mandat actuel des députés, élus fin 2015, court de janvier 2016 à janvier 2021. Et les prochaines législatives doivent normalement avoir lieu fin 2020.

«Position interventionniste»

Le chef de l'opposition Juan Gaudo s'adresse à la foule au côté de sa femme Fabiana Rosales, le 2 février 2019 [Juan BARRETO / AFP]
Le chef de l'opposition Juan Gaudo s'adresse à la foule au côté de sa femme Fabiana Rosales, le 2 février 2019

Evoquant l'ultimatum lancé par les Européens, la chaîne de télévision vénézuélienne teleSUR déplorait sur son site internet samedi «la position interventionniste adoptée tant par le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, que par l'Union européenne».

Nicolas Maduro n'est pas reconnu par une partie de la communauté internationale, et l'opposant Juan Guaido, est soutenu par les Etats-Unis, la plupart des Etats latino-américains et certains pays européens.

Jeudi, le Parlement européen a reconnu l'autorité de M. Guaido et a appelé l'ensemble des pays de l'Union européenne de faire de même.

Un premier ambassadeur vénézuélien a rallié M. Guaido. En poste en Irak, Jonathan Velasco a déclaré dans un message vidéo que l'Assemblée nationale était «le seul pouvoir légitime».

Etat pétrolier, autrefois pays le plus riche d'Amérique latine, le Venezuela a sombré économiquement. Ses habitants souffrent de graves pénuries de nourriture et de médicaments, ainsi que d'une inflation galopante (10.000.000% en 2019, selon le FMI). Depuis 2015, quelque 2,3 millions de Vénézuéliens ont quitté le pays, pour une population de 31 millions d'habitants.

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