Avec les Etats-Unis englués dans un blocage budgétaire dommageable pour son mandat, Donald Trump apparaissait mercredi disposer d'options limitées pour renverser la vapeur et arracher le financement de son mur frontalier anti-migrants.
Au lendemain d'un discours solennel depuis le Bureau ovale, au cours duquel il a usé d'un ton dramatique, tentant de rallier coûte que coûte les Américains à son projet sécuritaire phare, le locataire de la Maison Blanche ne semblait guère plus avancé.
En neuf minutes télédiffusées en direct sur les principales chaînes du pays, Donald Trump n'a proposé aucune nouvelle porte de sortie à l'impasse, concentrant ses arguments contre les immigrants clandestins qu'il a accusés de faire couler «le sang américain».
Insistant sur une «crise du coeur et une crise de l'âme» provoquée selon lui par l'afflux massif de clandestins, le président n'a offert qu'une solution : construire un mur à la frontière mexicaine, fait de barres verticales en acier et non en béton dans l'espoir de rendre l'idée plus acceptable pour les démocrates.
Ces derniers ont réagi dans la foulée, par la voix de leurs deux leaders au Sénat et à la Chambre des représentants, respectivement Chuck Schumer et Nancy Pelosi.
«Le président Trump doit cesser de prendre les Américains en otages, doit cesser de créer de toutes pièces une crise» migratoire et humanitaire à la frontière, a lancé Mme Pelosi.
Deux camps arc-boutés
«Le président Trump s'appuie sur la peur et non sur les faits ; la division et non l'unité», a renchéri M. Schumer.
Les négociations budgétaires sont au point mort : depuis deux semaines et demi, quelque 800.000 fonctionnaires fédéraux sont contraints soit à rester chez eux, soit à devoir attendre la fin du blocage pour être payés.
Le bras de fer était voué à se durcir mercredi et jeudi: les démocrates Nancy Pelosi et Chuck Schumer, entourés de fonctionnaires touchés par le «shutdown», ont convoqué la presse sur la colline de Capitole.
Donald Trump s'y rendra aussi, pour un déjeuner de travail avec des élus républicains. Il recevra aussi des élus des deux bords à la Maison Blanche.
Le président poursuivra jeudi son offensive aux résultats incertains en se rendant à la frontière, «pour rencontrer ceux qui sont en première ligne».
Il devrait encore une fois y marteler son message sécuritaire, en renonçant toutefois à déclarer une «urgence» nationale pour activer des pouvoirs extraordinaires, une procédure qui plongerait le pays dans une extraordinaire bataille politico-judiciaire.
Ayant échoué à convaincre Mexico de payer pour ce chantier monumental, M. Trump réclame 5,7 milliards de dollars pour «une barrière en acier plutôt qu'un mur en béton».
Promesse emblématique de sa campagne, ce mur est à ce jour resté lettre morte, les démocrates refusant de débloquer des fonds pour ce qu'ils qualifient de solution «immorale», «inutile» et «inefficace».
Le record du plus long «shutdown» de l'histoire pourrait bientôt tomber : 21 jours, entre fin 1995 et début 1996, sous le présidence de Bill Clinton.
Interrogé mercredi sur CNN, le sénateur républicain Marco Rubio a résumé le rapport de force par ces mots : «Les deux camps sont convaincus d'être ardemment soutenus par la base de leur parti, par ceux qui les ont élus. Les deux camps ont le sentiment que s'ils cèdent, cela leur coûtera politiquement extrêmement cher».