Les Britanniques envoyées par leurs familles à l'étranger pour y être mariées de force doivent rembourser au ministère des Affaires étrangères britannique les frais liés à leur rapatriement, révèle une enquête du journal The Times publiée mercredi.
Les victimes sollicitant l'aide du Foreign office «doivent trouver des centaines de livres sterling pour (payer) leur vol retour, leur nourriture et leur hébergement», indique le quotidien britannique. Les majeures qui ne peuvent pas acquitter cette somme «doivent signer des accords de prêts d'urgence avec le Foreign office avant d'embarquer dans l'avion qui les ramène chez elles et leurs passeports sont confisqués jusqu'à ce qu'elles aient remboursé» ces prêts, précise le quotidien.
Le ministère des Affaires étrangères britannique a aidé à rapatrier 27 victimes de mariages forcés en 2017 et 55 en 2016, selon les chiffres officiels fournis au Times.
Endettée pour rembourser
Ces deux dernières années, le Foreign Office a prêté 7.765 livres sterling (environ 8.600 euros) à au moins huit victimes de mariages forcés qui ne pouvaient pas financer leur rapatriement. Elles ont remboursé 3.000 livres sterling mais des dettes de plus de 4.500 livres sterling subsistent.
Une des victimes, âgée de 24 ans, a déclaré être «endettée», vivre dans un Bed & Breakfast et redouter de se retrouver à la rue. «Je ne peux pas demander de l'aide à ma famille en raison de ce qu'ils m'ont fait subir», a-t-elle expliqué au Times.
Le ministère des Affaires étrangères affirme avoir une obligation de récupérer les sommes dépensées pour rapatrier les victimes car il s'agit d'argent public. La députée travailliste Yvette Cooper s'est dite «absolument horrifiée» par l'article du Times, jugeant «immoral» de faire payer les victimes.
«C'est stupéfiant», a aussi réagi le président de la commission des Affaires étrangères de la chambre des Communes, le conservateur Tom Tugendhat, précisant que la commission soulèvera la question.
«Le Foreign Office est fier, à raison, du travail de l'unité chargée des mariages forcés», a-t-il déclaré sur Twitter, «Mais nous ne devrions pas faire payer les plus vulnérables pour leur propre protection ou les dissuader de demander cette protection».