Des observateurs de l'ONU chargés de consolider le cessez-le feu dans la province de Hodeida et de sécuriser ses ports, sont arrivés samedi au Yémen au début d'une mission jugée cruciale pour ce pays dévasté par la guerre.
Le général néerlandais à la retraite Patrick Cammaert, chef de cette mission d'observateurs, a rencontré à Aden des représentants du gouvernement yéménite reconnu internationalement et basé dans cette ville du sud.
Il a «pressé» l'exécutif yéménite et la coalition militaire conduite par l'Arabie saoudite qui le soutient «de faire respecter la trêve entrée en vigueur à Hodeida et de coopérer afin d'assurer l'acheminement de l'aide humanitaire», depuis ce port dans tout le pays, a indiqué Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l'ONU dans un communiqué.
Un groupe d'observateurs de six membres (deux femmes et quatre hommes) sont également arrivés samedi à Sanaa, la capitale du Yémen contrôlée par les rebelles Houthis, a constaté un photographe de l'AFP.
Ces observateurs doivent se joindre, à une date indéterminée, à la mission d'observation à Hodeida, ont expliqué des responsables du bureau de l'ONU à Sanaa.
Durant ses discussions à Aden, le général Cammaert a souligné que «l'échec ou le succès des accords de Suède reposaient uniquement sur les deux parties» yéménites, selon l'ONU.
Le général Cammaert doit se rendre dimanche à Sanaa pour des entretiens avec les dirigeants Houthis, puis à Hodeida, où la première réunion du comité réunissant loyalistes et rebelles devrait se tenir dès le 26 décembre.
Ce comité est chargé du désengagement des troupes des deux belligérants de la ville portuaire de Hodeida (ouest), le principal front du conflit.
Le Conseil de sécurité de l'ONU a voté vendredi à l'unanimité une résolution prévoyant l'envoi d'observateurs civils au Yémen afin de superviser l'évacuation des combattants de Hodeida et de sécuriser le fonctionnement de son port, par où passe une large part de l'aide humanitaire et des importations du pays.
Tenue par les rebelles, cette ville de quelque 600.000 habitants est en conséquence un enjeu stratégique dans la guerre opposant depuis 2015 les rebelles Houthis, appuyés par l'Iran, aux forces progouvernementales, soutenues militairement par une coalition menée par l'Arabie saoudite.
«Pas important»
La résolution rédigée par le Royaume-Uni autorise l'ONU «à établir et à déployer, pour une période initiale de 30 jours à compter de l'adoption de la résolution, une avant-garde pour commencer un travail d'observation», sous la direction du général Cammaert.
Selon des diplomates, la mission d'observateurs de l'ONU devrait compter de 30 à 40 membres, des civils ayant des expériences militaires.
Le texte entérine également les acquis obtenus lors des consultations interyéménites tenues en Suède mi-décembre, dont le cessez-le-feu décrété pour la province de Hodeida, et insiste sur son «plein respect par toutes les parties».
Entrée en vigueur mardi,la trêve reste fragile même si elle semble globalement tenir.
La coalition a accusé samedi, selon les médias saoudiens, les rebelles d'avoir violé à 14 reprises la trêve dans la province au cours des dernières 24 heures. Ces derniers ont accusé à leur tour leurs adversaires de la responsabilité de tirs sporadiques dans et autour de Hodeida, dans des déclarations publiées sur le site internet d'Ansarullah, leur mouvement politique.
La résolution onusienne a été accueillie plutôt positivement par les belligérants, les rebelles la qualifiant de «pas important» tandis que le gouvernement a réaffirmé son engagement à travailler avec les Nations unies et à respecter l'accord.
«C'est un pas important en direction d'un arrêt de l'agression et de la levée du blocus», a réagi vendredi soir Mohammed Abdelsalam, le chef de la délégation des rebelles aux pourparlers de Suède, en allusion à l'intervention de la coalition menée par Ryad.
Cité par la télévision al-Massirah contrôlée par les Houthis, il a toutefois reproché à la résolution de ne pas avoir condamné les «crimes des agresseurs».
Le gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hadi a de son côté réaffirmé son «engagement (à respecter) l'accord» de Suède entériné par la résolution onusienne, dans un communiqué publié vendredi soir.
Il s'est dit prêt à travailler «dans un esprit positif» avec l'émissaire de l'ONU au Yémen, Martin Griffiths, afin de poursuivre des consultations destinées à trouver un accord politique durable.
Ryad avait également réagi vendredi à la résolution estimant notamment qu'avec une présence sur le terrain d'observateurs, les Houthis allaient «perdre leur marge de manoeuvre».
Il s'agit seulement de la deuxième résolution des Nations unies sur le conflit yéménite, qui a fait plus de 10.000 morts et provoqué la pire catastrophe humanitaire au monde, selon l'ONU.