Nadia Murad, 25 ans, doit recevoir officiellement ce lundi le Prix Nobel de la Paix au côté du gynécologue Denis Mukwege. Cette ancienne esclave de Daesh doit cette distinction à son combat contre l'emploi des violences sexuelles en tant qu'arme de guerre.
«Cela signifie beaucoup, pas seulement pour moi mais pour toutes ces femmes en Irak et dans le monde entier», a réagi la jeune femme âgée de 25 ans après avoir remporté le prix.
Son histoire personnelle est la conséquence de cette lutte quotidienne. La jeune yézidie est enlevée par l'organisation terroriste en 2014, dans son village de Kocho, alors qu'elle se rêvait d'être enseignante ou d'ouvrir un salon de beauté. Capturée, elle est ensuite vendue en tant qu'esclave sexuelle.
Elle explique ces mois d'enfer dans un livre paru en février en France, «Pour que je sois la dernière». Un titre évocateur car Nadia Murad veut «être la dernière fille au monde avec une histoire comme la (sienne)».
Violée, torturée et enchangée entre combattants, elle est parvenue à s'échapper grâce à un jihadiste qui a laissé la porte d'entrée ouverte. Malgré sa liberté retrouvée, le traumatisme est fort dans sa tête et dans son corps. La lauréate du Prix Nobel a donc décidé de parler publiquement de ce qu'elle a vécu.
Dans son combat, elle trouve de nombreux alliées de poids, comme l'avocate Amal Clooney qui offre une visibilité médiatique à son combat ou encore Samantha Power, l'ambassadrice américaine à l'ONU sous Barack Obama.
Un combat mené à l'ONU
A la tribune du Conseil de sécurité des Nations unies, en décembre 2015, elle raconte les atrocités commises par Daesh sur la communauté yézidie, tout en évoquant sa propre histoire.
«L'homme qui m'a emmené m'a demandé de changer de religion. Il m'a marié de force, m'a torturé et violé chaque jour pendant trois mois».
En 2016, elle devient ambassadrice de l'ONU pour la dignité des victimes du trafic d'êtres humains.
Après avoir quitté le pays à sa libération, Nadia Murad a obtenu le statut de réfugiée en Allemagne, où elle a rejoint sa soeur.
Elle mène désormais «le combat de (son) peuple» et se bat pour que les persécutions commises à l'encontre des yézidis soient reconnues comme génocide. «Daesh a détruit nos valeurs. Nous avons tout perdu, nous avons perdu notre avenir».