Un train transportant des ingénieurs et des responsables sud-coréens a entamé vendredi un voyage exceptionnel au Nord pour des études préalables en vue de la possible reconnexion des réseaux ferrés des deux pays.
Travailler à une reprise de ces liaisons entre le Nord et le Sud de la péninsule était un des objectifs annoncés par le président sud-coréen Moon Jae-in et le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un à l'issue de leur premier sommet qui avait confirmé en avril l'exceptionnelle détente sur la péninsule.
Relier les deux réseaux et moderniser les vétustes chemins de fer nord-coréens constituerait un changement majeur pour la péninsule, où les communications civiles directes -y compris par voie postale- sont rigoureusement proscrites depuis la division scellée par l'armistice de 1953.
C'est la première fois depuis une décennie qu'un train sud-coréen passe au Nord. Des images de télévision ont montré un train rouge, blanc et bleu quittant la gare sud-coréenne de Dorasan, située dans l'ouest de la péninsule, à proximité immédiate de la Zone démilitarisée (DMZ) qui sépare les deux Corées.
"La reconnexion des réseaux ferrés signale le début d'une ère de coprospérité entre le Nord et le Sud", a déclaré la ministre sud-coréenne des Transports Kim Hyun-mee.
Périple de dix-huit jours
Elle a ajouté que cette reconnexion permettrait aussi d'étendre les horizons économiques de la Corée du Sud, qui est sur le plan terrestre isolée du reste du monde depuis la Guerre de Corée (1950-1953) et pourrait trouver pour ses exportations une nouvelle voie vers les marché chinois, russe et, au-delà, européens.
Le train tranporte 28 Sud-Coréens, et notamment des ingénieurs des chemins de fer, ainsi que 55 tonnes de fuel et un générateur. Il se compose de six wagons dont un wagon-lit, un wagon de bureau et un wagon rempli d'eau pour la douche et la lessive.
Une fois rendu dans la gare de Panmun, terminal ferroviaire nord-coréen de l'autre côté de la DMZ, les six wagons seront accrochés à un train nord-coréen et la locomotive sud-coréenne retournera au Sud. Les Sud-Coréens et leurs homologues du Nord entameront alors un périple de dix-huit jours, sur 2.600 km pour inspecter deux lignes.
D'une part celle reliant la ville de Kaesong à celle de Shinuiju à la frontière chinoise, via Pyongyang et qui avait été construite par le Japon au début du XXe siècle, bien avant la division de la péninsule en 1948.
Et de l'autre celle qui relie la région du Mont Kumgang, proche de la limite orientale de la DMZ, au fleuve Tumen, à la frontière russe.
Dans un geste de réconciliation, les deux Corées avaient brièvement reconnecté en 2007 la ligne occidentale et quelques trains de fret avaient circulé, acheminant du matériel et des biens à destination du Parc industriel intercoréen de Kaesong, en Corée du Nord.