Plusieurs dizaines de personnes ont célébré vendredi à Istanbul une prière funéraire symbolique en hommage au journaliste saoudien Jamal Khashoggi, tué le mois dernier dans le consulat de son pays et dont le corps n'a pas été retrouvé.
Devant un espace vide traditionnellement réservé au cercueil devant la mosquée Fatih, des amis de Jamal Khashoggi ont prononcé la prière de l'absent, un rite prévu dans l'islam pour les morts dont le corps a été détruit ou est introuvable, selon des correspondants de l'AFP. Khashoggi, un éditorialiste critique du pouvoir saoudien, en particulier du prince héritier Mohammed ben Salmane, a été tué le 2 octobre dans le consulat de son pays à Istanbul. Son corps a ensuite été démembré et reste depuis introuvable.
Sous une pluie glaçante
«Comme nous sommes convaincus que son corps ne sera jamais retrouvé, nous avons décidé d'organiser cette prière pour le salut de l'âme de Jamal», a expliqué à l'AFP Fatih Öke, directeur exécutif de l'association turco-arabe des médias (TAM), dont le journaliste tué faisait partie. Cette cérémonie qui s'est tenue sous une pluie glaçante «est aussi un message envoyé au monde pour dire que le meurtre ne restera pas impuni. Justice sera faite», a déclaré Ibrahim Pekder, un Stambouliote venu rendre hommage à Khashoggi.
Le meurtre de Khashoggi a provoqué une onde de choc mondiale et gravement terni l'image de l'Arabie saoudite, notamment celle du prince héritier surnommé «MBS». La justice saoudienne a indiqué jeudi qu'elle réclamait la peine de mort contre cinq accusés et mis hors de cause le prince héritier, que la presse turque lie au meurtre.
Selon le procureur saoudien, une équipe a été dépêchée à Istanbul avec pour mission de ramener le journaliste de gré ou de force à Ryad, mais son chef a pris sur place la décision de le tuer sans consulter ses supérieurs.
Après la prière funéraire à Istanbul, Yasin Aktay, un ami proche de Khashoggi et conseiller du président turc Recep Tayyip Erdogan, a vivement critiqué cette version des événements. «Ils veulent nous faire croire que les tueurs ont pris eux-mêmes la décision d'assassiner Jamal Khashoggi. Nous ne croyons pas à cette histoire», a-t-il lancé. «Nous allons continuer de demander qui sont les vrais donneurs d'ordres» du meurtre.