Les Brésiliens ont tranché dimanche en élisant leur nouveau leader Jair Bolsonaro à 56% des suffrages. Mais qui est cette figure populiste, surnommée le Trump des tropiques, qui vient d'accéder au rang de président de la première puissance d'Amérique latine ?
Un ancien militaire en politique
Jair Bolsonaro, agé de 63 ans, originaire de Campinas, dans l’Etat de São Paulo, a commencé sa carrière au sein de l'Armée. En 1977, il sort diplômé de l'école militaire des Agulhas Negras. Il commence en temps que simple soldat puis ressort de l'académie gradé : il devient capitaine d'artillerie de l'armée de terre brésilienne.
Ses débuts en politique datent de 1986 quand il milite en faveur d'une hausse de salaire des militaires. Cet engagement lui vaudra même d'être enfermé puis jugé pour «insubordination» et «infraction grave». L'homme sera finalement acquitté par manque de preuves.
D'abord conseiller municipal de la ville de Rio de Janeiro, il entre au Parlement en 1990 dans les rangs du Parti démocrate chrétien (PDC).
Propulsé par l'échec de Lula
Après avoir fait la navette entre plusieurs partis du centre et de droite, Jair Bolsonaro adhère finalement au PSL (Parti social libéral) en 2018 dont il devient le candidat à la présidentielle.
Et le timing est parfait. La corruption qui gangrène le pays et la chute de Lula ont été un véritable terreau fertile pour le populisme de l'ancien capitaine d'artillerie. Pour rappel, l'ancien président, extrêmement populaire par le passé, a été condamné en appel, en avril, à une peine de douze ans et un mois de prison pour corruption.
CANDIDAT ANti-système et anti-corruption
Jair Bolsonaro, député d'extrême droite, se présente ainsi comme le candidat qui veut combattre la corruption des élites. Sa campagne est lancée et répond au ras-le-bol de millions de Brésiliens désabusés et désenchantés.
En septembre, l'homme de 63 ans survit même à une violente agression au couteau par un déséquilibré lors d'un meeting, asseyant encore un eu plus le mythe de «Bolsomito» (Bolso le mythe), comme ses partisans aiment à l'appeler, contraint de poursuivre sa campagne depuis son lit d'hôpital.
Ses déprapages et sa réthorique anti-système sont ainsi plus souvent retenus que les éléments de son programme libéral et répressif. En revanche, le candidat ne consacre aucun mot à la luttre contre la déforestation ou le réchauffement climatique.
Pro-dictature et mysogine
Avant même le début de sa campagne, l'ancien capitaine de l'Armée était connu pour de nombreuses «sorties» pro-dictature, homophobes, racistes et misogynes.
En 1993, il n'avait pas caché son appétence pour les régimes autoritaires et la dictature - qui a régenté le pays entre 1964 et 1985. «Oui, je suis favorable à une dictature ! Nous ne réglerons jamais les problèmes de la nation avec cette démocratie irresponsable !», avait-il lancé à la Chambre des députés.
En 2014, il s'en était pris à Maria do Rosario, une élue de gauche. «Je ne vous violerai pas car vous ne le méritez pas. Vous êtes trop laide», lui avait-il lancé.
dérapage Homophobe
Quelques années plus tôt, il avait affirmé dans une interview donnée au magazine Playboy qu'il ne pourrait pas aimer son fils s'il était homosexuel. Il allait même jusqu'à confier : «je préférerais qu’il meure dans un accident, plutôt qu’il soit homosexuel.»
Pendant sa campagne, Jair Bolsonaro a continué à cultiver ce style. Lors d'une longue entrevue dans l'émission Roda Viva, sur la chaîne publique TV Cultura, il a annoncé qu'il voulait réduire les quotas raciaux dans les universités. Pour justifier cette mesure, le candidat a affirmé que le pays n'avait «pas de dette» envers les Noirs.
«De quelle dette historique parlez-vous? Je n'ai réduit personne en esclavage (...). Les Noirs ne sont pas meilleurs que moi et je ne suis pas meilleur qu'eux», a-t-il expliqué à cette occasion.
Proche de Trump
Un phrasé subversif et décomplexé qui le rapproche de son homologue Donald Trump dont il dit être un fervent admirateur et avec lequel il partage aussi un usage quasi-compulsif des réseaux sociaux.
Le président des Etats-Unis Donald Trump a d'ailleurs appelé dimanche soir le candidat d'extrême droite Jair Bolsonaro pour le féliciter pour sa victoire à la présidentielle au Brésil, a indiqué la Maison Blanche.
«Les deux hommes ont exprimé leur engagement fort à travailler ensemble pour améliorer la vie des habitants des Etats-Unis et du Brésil, et, en tant que leaders régionaux, des Amériques», a ajouté Sarah Sanders, porte-parole de l'exécutif américain.
Ces affinités idéologiques entre les deux leaders laissent d'ores-et-déjà entrevoir un rapprochement diplomatique et économique entre les deux pays.